Un conflit centenaire au cœur des grands cycles de civilisation

Combien de fois depuis l’Après-Guerre n’avons-nous pas entendu en titre de journaux écrits, radio ou télévisés : « Violences en Israël et/ou Palestine » ? Lassés des répétitions, sans chercher à comprendre d’où venaient les violences et ce qu’elles cherchaient, nous remettions toute réflexion à plus tard, mettant cela au compte d’un Orient compliqué, ou nous confiant à la trop indéterminée Communauté Internationale. Cette fois la violence atteint une telle intensité qu’on se trouve sommés de réfléchir et de faire en urgence appel à l’histoire et à la géopolitique mondiale depuis plus d’un siècle pour comprendre comment en est-on arrivés là ?

Dans mon ouvrage de 2022 : « Astrologie Science de la Conscience – Les grands cycles de civilisation » j’ai présenté cette question par le biais des cycles, et j’en reprends une partie ici tout en développant la réflexion et en tentant de dégager des perspectives. Comme je l’ai fait pour le précédent article : De l’effondrement de l’URSS à la Guerre en Ukraine, quelle période vivons-nous ?

Car l’évolution de ce conflit centenaire au Moyen-Orient mobilise tous les grands cycles : il est né à la fin du XIXe au début du grand cycle de civilisation de 500 ans, il touche le cycle Uranus-Saturne, de 45/46 ans, de structuration collective qui a vu naître le mouvement sioniste, ainsi que le cycle Pluton-Saturne de destructions créatrice (d’une quarantaine d’années) qui a vu la création de l’Etat d’Israël et l’exode concomitant des populations palestiniennes, mais il concerne également le cycle Pluton-Uranus de 140 ans à l’aube duquel est intervenue la Guerre-des-6-jours en 1967 qui a redistribué la donne ; et même le grand cycle Neptune-Uranus de 172 ans, débuté en 1993, qui doit proposer un nouveau paradigme de civilisation, à l’aube duquel furent signés les éphémères accords d’Oslo qui traçaient un processus de paix.

Naissance et développement du projet sioniste depuis la fin du XIXe à la deuxième Guerre mondiale.

Le projet sioniste s’est formulé en 1897 au début du grand cycle de civilisation Pluton-Neptune de 500 ans de 1892 (que nous qualifions de cycle de « Reconnaissance » eu égard au précédent de 1399 à 1892 de « la Renaissance et des Révolution »), et avec un cycle plus court Saturne-Uranus de 45/46 ans dit de structuration/incarnation (Saturne) d’un projet collectif (Uranus).

A la fin du XIXe siècle, en effet, un mouvement juif se structure, en réaction à la montée de l’antisémitisme en Europe, aux pogroms et au choc causé par l’affaire Dreyfus en France. Le 3 septembre 1897 est créée l’Organisation sioniste mondiale par Theodor Herzl, juste au moment de la troisième conjonction Saturne-Uranus à 26° Scorpion. Elle formule le projet sioniste de construire un foyer national pour le peuple juif en Palestine, « légalement garanti et publiquement reconnu », et se donne comme moyens d’y arriver : la colonisation en Palestine, et le travail auprès des gouvernements concernés (de nos jours on parlerait de diplomatie et de lobbying) pour obtenir leur consentement. Rappelons-nous que les Juifs ont été chassés de Jérusalem par les Romains au IIe siècle. Rappelons aussi qu’à la fin du XIXe siècle, dans la bonne conscience des pays occidentaux dominants, les projets coloniaux battaient leur plein, ne semblaient ni irréalistes ni immoraux jusqu’à ce que la vague des décolonisations ne se rappelle à leur mémoire à l’issue de la Deuxième-Guerre mondiale.

Le symbole Sabian du 26° Scorpion est tout à fait conforme au projet : « Des Indiens dressent leur camp sur un nouveau territoire ». (Avec le paradoxe qu’en l’occurrence il s’agit de la colonisation de territoires déjà occupés par des autochtones, comme le signale Rony Brauman).

  1. Aux premiers carrés, en 1909/1910, une étape est franchie avec la création le 11 avril de la première ville juive en Palestine, Tel-Aviv.
  2. Le 2 novembre 1917, peu avant la Pleine Lune du cycle qui intervient de fin 1918 à 2020, la Déclaration Balfour du ministre britannique de même nom qui s’engage solennellement à faciliter la formation d’un « Foyer national » juif en Palestine. Le monde musulman, et plus particulièrement syrien et égyptien, y est immédiatement hostile et craint que les Juifs s’emparent de Jérusalem. La France fait savoir officiellement début 1918 qu’elle s’aligne sur les positions britanniques, l’accord de l’Italie s’ensuit. C’est ainsi que la déclaration Balfour est un des documents diplomatiques les plus importants de l’histoire du Moyen-Orient au XXe siècle. Elle constitue une grande avancée pour le sionisme politique qui lui servira à légitimer 30 ans plus tard la création de l’Etat Hébreu. La Grande-Bretagne promet parallèlement au Chérif de la Mecque, Hussein, la création d’un royaume arabe. Par ailleurs, un fait majeur, très rarement rappelé dans l’histoire internationale intervient : un accord écrit est passé lors de la conférence de Versailles de 1919 entre le mouvement national juif représenté par Weizmann (qui sera le premier président du futur état d’Israël) et le mouvement national arabe en la personne du prince Faysal, futur roi éphémère de Syrie et d’Irak, selon lequel « si les Arabes obtenaient le vaste royaume qu’on leur avait promis pendant la Grande Guerre, ils encourageraient l’établissement des Juifs en Palestine[1]». Les deux nationalismes, nés à peu près en même temps sur la scène internationale à la fin du XIXe siècle[2], avaient eu le réflexe de trouver un terrain d’entente. Celui-ci se perdra dans les méandres de la real politique. En 1920, la conférence de San Remo de partage de l’Empire ottoman, donne au mouvement juif un mandat sur la Palestine, juste au moment de la Pleine Lune du cycle. La colère des populations arabes s’exprime et les affrontements violents entre les Juifs et les Arabes commencent.
  3. Au début des années 30, lors du dernier quartier du cycle, la situation se tend du fait de l’implantation croissante des Juifs en Palestine et des révoltes des population arabes qui s’y opposent.
  4. Le cycle se renouvelle en 1942 en pleine période d’extermination des Juifs d’Europe par les nazis. Le sionisme radical en lutte armée en Palestine est freiné par les Britanniques puis en 1943, Menahem Begin prend la tête du mouvement et relance la lutte armée en 1944.

 

La création de l’Etat d’Israël et l’histoire de « la question palestinienne »

A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, l’ONU, tout nouvellement créée, vote le 29 novembre 1947, par la résolution 181 (II), un plan de partage de la Palestine, qui « met fin au mandat britannique et prévoit le partage de la Palestine en deux états indépendants, l’un juif et l’autre arabe, et le placement de Jérusalem sous régime international[3] ». Mais, au sortir de la Shoah en Europe et soucieux d’avoir au plus vite un état sécurisé, les Juifs accélèrent le mouvement par la force et la communauté internationale, sans doute culpabilisée de n’avoir pas su les protéger, voire de les avoir abandonnés, laisse faire. Six mois plus tard, le 14 mai 1948, date à laquelle prend fin le mandat britannique, Ben Gourion et les fondateurs d’Israël précipitent les évènements en déclarant l’indépendance de l’État d’Israël. Pour les palestiniens cette date marque la « Nakba », « la catastrophe » : ils doivent en grande majorité (plus de 700 000 d’entre eux) prendre l’exode, en laissant leurs terres et leurs biens.

« En 1948, pendant la guerre qui l’oppose aux pays arabes voisins, l’État juif envisagé dans la résolution déclare son indépendance sous le nom d’Israël et prend le contrôle de 77 % du territoire de la Palestine sous mandat, notamment de la majeure partie de Jérusalem. Plus de la moitié de la population arabe palestinienne s’enfuit ou est expulsée. La Jordanie et l’Égypte se partagent le contrôle du reste des territoires assignés à l’État arabe par la résolution 181 (II)».

Le projet du mouvement sioniste de 1897 se manifeste donc trois ans avant la fin du cycle Saturne-Uranus et son renouvellement en 1951. La création de l’Etat d’Israël coïncide avec un nouveau cycle Saturne-Pluton intervenu en Lion en 1947, cycle toujours instable et comportant de nombreuses remises en question y compris dans la violence. L’état arabe promis par les Britanniques dans les années 1917/18 et l’état palestinien prévu par les premières résolutions de l’ONU, n’a toujours pas vu le jour 75 ans après, et l’implantation de l’Etat hébreu en terre arabe n’a cessé de créer de l’instabilité et des violences au Moyen-Orient, considéré comme un coin enfoncé par l’Occident en Terre arabe, impression aggravée par les multiples conflits générés à la suite par les Occidentaux.

On peut se suivre avec le cycle Saturne-Pluton de 1947 à 1982, le développement de la vie de l’Etat Hébreu et de l’entité que l’on ne peut nommer autrement que comme des « territoires palestiniens sous occupation » : le peuple palestinien est fragmenté en différentes entités qui ne vivent pas le même état de droit, il y a ceux qui vivent en Israël et en ont la citoyenneté, ceux qui vivent en Cisjordanie occupée, désormais sous contrôle de l’OLP et sous les assauts permanents des colons israéliens, et les 2,2 millions qui vivent maintenant à Gaza sous blocus israélien depuis 2006, soumis à l’autorité du Hamas).

 

Carte du Ciel de l’état d’Israël

L’état d’Israël né le 14 mai 1948 à 16H47 à Tel-Aviv/Jaffa, est particulièrement marqué par ce cycle Pluton-Saturne, comme nous l’avons vu. Le 29 novembre, date de la résolution de l’ONU, la conjonction Pluton-Saturne compte 8° d’orbe, tandis que le 14 mai la conjonction n’a que 4° d’orbe, et qu’en même temps la Lune et Mars se trouvent dans le Lion et la maison 10 de l’Etat d’Israël. Ce stellium dans le Lion signe un pouvoir « arrogant et dominateur » comme le qualifiera le général de Gaulle, mais qui peut se comprendre par le défi lancé par l’Ascendant Scorpion et l’axe Chiron/Soleil (en 1/7 et en Scorpion/Taureau), au double carré, qui relève de l’existentiel et du vital. Le défi posé à cet Etat est digne du défi rencontré par Hercule dans le Scorpion : ne pouvant venir à bout des têtes de l’hydre qui repoussent dès lors qu’il les coupe, il devra cesser de lui-même le combat pour mettre en lumière toutes les ombres qui empêchent la paix. C’est ce à quoi s’était employé un dirigeant courageux et visionnaire comme Yitzhak Rabin qui, hélas, a été assassiné par l’hydre de son camp. Notons qu’Yitzhak Rabin avec un Neptune à 14 Lion (sur la conjonction Pluton-Saturne de l’Etat d’Israël) donnait justement une vision, une perspective et une porte de sortie vers le haut au défi de « destruction créatrice et de régénération » de cette conjonction.

Carte du Ciel de l’état d’Israël :

 

 

Cadre géopolitique du conflit de 1947 à 1982, à travers le cycle Pluton-Saturne

A travers l’étude géopolitique du cycle Pluton-Saturne de 1947 à 1982, on peut suivre la dynamique du conflit au Proche-Orient de façon saisissante, sur fonds de mouvements de décolonisation et de Guerre Froide.

Ce cycle qui débute en 1947 à l’issue des deux grandes guerres porte, dans le Lion, une promesse de libération des êtres qui souhaite se déployer en toute liberté et en créativité individuelle. Cette aspiration s’est traduite dans la Déclaration Universelle des Droits Humains (DUDH) adoptée en 1948 par l’ONU. Les années 1947/48 ont vu un vaste mouvement de recomposition des nations et de leurs alliances, suite à la guerre et à la constitution de deux blocs Est-Ouest qui se figent dans la guerre froide, et en même temps les anciennes colonies entament un lent processus de libération. Plusieurs états nés des grands chamboulements de la seconde Guerre mondiale, et du nouvel ordre mondial qui en est issu, ont vu le jour entre 1945 et 1949, et sont marqués par le cycle Pluton-Saturne, comme Israël, l’Inde et le Pakistan.

La conjonction Pluton-Saturne se trouve dans les thèmes de la génération des baby-boomers, nés en 1947. Il leur donne une instabilité et une combativité en même temps, parfois de l’agressivité, ou du repli selon les positionnements, à la mesure du défi porté par ce Pluton dans le Lion (depuis 1939).

  1. Le cycle débute au 14° Lion dont le symbole Sabian[4] marque une « aspiration à se réaliser » et une invitation à « laisser l’âme s’exprimer ». L’âme des peuples, plus ou moins opprimée, plus ou moins compressée au niveau territorial, ne va cesser de s’exprimer dans ce cycle, avec maints remous et guerres d’indépendance : en Extrême Orient, au Maghreb, en Afrique et au Moyen-Orient.

Cette année 1947 voit la naissance feutrée de la guerre froide, l’URSS ayant refusé pour elle et ses satellites l’aide économique du plan Marshall, craignant qu’il ne serve à les conquérir et fasse exploser son glacis de sécurité en Europe de l’Est. L’indépendance de l’Inde accouchée dans la douleur sonne l’heure des décolonisations alors qu’en Palestine, comme à contre-courant, une autre colonisation est à l’œuvre, ne respectant pas les promesses et engagements ultérieurs (Déclaration Balfour et accord durant le traité de Versailles)

Mais la promesse faite aux Arabes ne fut pas tenue, contrairement à l’engagement donné aux Juifs par la déclaration Balfour, qui trouva son aboutissement dans la résolution 181 de l’ONU du 29 novembre 1947. N’est-ce point ainsi que se crée du karma ?

  1. 1955-56 : le carré croissant en signes fixes (Saturne de 27 à 29° Scorpion, Pluton de 27 à 29° Lion), voit surgir différentes crises dans le monde :

Du côté du bloc de l’Est, après la mort de Staline, le rapport Khrouchtchev ouvre à la déstalinisation de l’URSS, et une « coexistence pacifique » s’installe avec l’autre bloc (jusqu’en 1962), même si en octobre 1956 l’insurrection de Budapest, réprimée dans le sang, ébranle son hégémonie en Europe de l’Est.

Du côté du Moyen-Orient la crise de Suez marque la tentative d’ingérence des anciennes puissances coloniales face au nouveau pouvoir de Nasser en Egypte qui milite pour un panarabisme, nationalise le canal de Suez, tandis qu’Israël en profite pour attaquer les positions égyptiennes du Sinaï.

Le Pakistan se déclare République islamique. La France accorde l’indépendance au Maroc et à la Tunisie, tandis que la guerre d’indépendance de l’Algérie démarrée en 1954 (qualifiée en France de simples « évènements d’Algérie ») se poursuivra jusqu’en 1962.

  1. 1965-66 l’opposition ou Pleine Lune du cycle (Saturne de 14 à 18° Poissons, Pluton de 14 à 18° Vierge) est particulièrement puissante car elle intervient en même temps que les trois conjonctions du début du grand cycle de Pluton-Uranus (que nous évoquerons plus loin) et de ce fait elle est aussi une Pleine Lune du cycle Saturne-Uranus.

Malgré la détente initiée en 1963 par Kennedy et Khrouchtchev, des tensions puissantes persistent du fait de l’implication encore plus massive des Américains au Vietnam, de la deuxième guerre indo-pakistanaise à propos du Cachemire (on ne s’étonnera pas qu’un conflit naisse entre ces deux nations créées lors du début de cycle en 1947), et enfin début de la guerre de la frontière sud-africaine avec la Namibie et l’Angola qui fait intervenir l’URSS et Cuba et durera jusqu’en 1988. La France quitte le commandement intégré de l’OTAN, soucieuse de ne pas se laisser embarquer par les surenchères guerrières américaines.

Au Moyen-Orient les tensions s’intensifient entre Israël et la Syrie, à la suite d’un coup d’Etat qui a porté le parti Baas au pouvoir, hostile à Israël. Peu après en 1967, l’Etat hébreu, toujours marqué par ce cycle, enclenche la guerre des Six-Jours et triple son emprise territoriale au Moyen-Orient en prenant à l’Égypte la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï, à la Syrie le plateau du Golan, et à la Jordanie la Cisjordanie et Jérusalem Est. Amin Malouf explique combien cette guerre en humiliant les états arabes a un impact durable au Moyen-Orient et dans les relations entre les pays arabes et l’Occident, dont Israël représente la tête de pont dans la région[5].

  1. 1973-74 : les derniers carrés du cycle correspondent à des évènements très significatifs : Accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam, Coup d’état du général Pinochet au Chili (11 septembre 1973) contre le gouvernement Allende, soutenu voire fomenté par les Etats-Unis.

Des violences touchent encore le Moyen-Orient à travers la guerre du Kippour contre Israël où une coalisation de pays arabes a tenté de reprendre les territoires conquis en 1967. Cette guerre est à la base du choc pétrolier de 1973 qui voit les pays de l’OPEP augmenter de 70% les prix du pétrole. Ce choc marque la fin de la prospérité économique de l’Occident d’après-guerre et le début de la fin des Trente glorieuses. A partir de là, les grandes puissances vont se repositionner au Moyen-Orient qui rassemble les plus importantes réserves pétrolières mondiales et y mettre durablement le désordre.

La réussite militaire initiale égyptienne, et la profonde remise en question de la théorie de sécurité israélienne lors de la guerre du Kippour, débouchent sur l’ouverture des négociations de paix qui aboutissent à la normalisation des relations entre Israël et l’Égypte, formalisée par les accords de Camp David en 1978 qui mettent fin non seulement au conflit entre Israël et l’Egypte, mais à toute velléité d’attaque d’Israël. Mais si le conflit entre Israël et un des principaux pays arabes de la région est réglé, la question palestinienne reste en suspens, et ne manquera pas de ressurgir violemment tant qu’aucune issue pacifique n’est en vue.

 

Le conflit sur fond de réorganisation géopolitique mondiale de 1982 à 2020 

Comme je l’ai montré dans mon ouvrage (cité en référence) ce cycle voit se développer la doctrine économique néolibérale dans le bloc de l’Ouest avant qu’elle n’envahisse le monde entier via la mondialisation. Porté par Ronald Reagan et Margaret Thatcher le néolibéralisme gagne les démocraties occidentales : l’heure est partout au désengagement de l’Etat censé libérer les individus. Même Mitterrand, fraichement élu en France, revient sur sa politique de la demande et de nationalisation en instaurant la rigueur budgétaire.

Dans le monde l’année 1982 est très agitée : la guerre des Malouines éclate entre la Grande Bretagne et l’Argentine, mais surtout le Moyen-Orient n’en finit pas de connaître des violences : Massacre des opposants à Hama en Syrie (par le père de l’actuel président de Syrie), incursion d’Israël au Liban et massacre du camp de réfugiés de Sabra et Chatila, début de la guerre Iran/Irak.

Tout le fonctionnement rigide du bloc de l’Est est ébranlé par le mouvement Solidarnosc qui a débuté en Pologne en 1981 et mènera progressivement à son effondrement par la chute du si symbolique Mur de Berlin en 1989, au périhélie de Pluton, et en début du cycle progressiste d’Uranus-Saturne.

A la fin de cette décennie, le conflit israélo-palestinien s’embrase en décembre 1987 (à l’aube du renouvellement en 88 du cycle Uranus-Saturne qui concerne le projet sioniste) avec la première intifada ou guerre des pierres, marquée par de violentes émeutes de la population palestinienne des territoires occupés et la répression de l’armée israélienne, des attentats contre la population israélienne et des conflits entre des factions palestiniennes, jusqu’à la signature des accords d’Oslo en 1993.

1993 : le carré croissant à 25° Verseau-Scorpion (au carré avant et à l’opposition du Mars de l’Etat israélien) intervient en même temps que se renouvelle le cycle Neptune-Uranus, c’est dire l’importance de cette date !

Bush et Eltsine signent un accord de désarmement, derrière lequel s’engouffre toute une stratégie de conversion de la Russie à l’économie de marché. Pendant que la déconstruction de l’URSS est à l’œuvre, l’Union européenne se construit à travers le traité de Maastricht selon des critères économiques néolibéraux de concurrence et de rigueur budgétaire qui vont faire des ravages auprès des peuples européens, surtout au Sud (Grèce, Italie, Espagne).

Les accords d’Oslo signés le 13 septembre 1993 à Washington entre Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, Yasser Arafat, président du comité exécutif de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), sous l’égide du président des Etats-Unis Bill Clinton ne sont pas des accords de paix proprement dits mais posent les jalons d’une résolution, en instaurant un calendrier et des modalités de négociations, et posent une base pour une autonomie palestinienne temporaire de 5 ans en vue d’un règlement permanent basé sur les résolutions antérieures de l’ONU.

Ce processus de paix va être mis à mal entre 1996 et 1999 par l’achoppement des négociations sur le retour des réfugiés palestiniens et le statut de Jérusalem, du fait de la surenchère des extrémistes des deux bords : du côté palestinien si l’OLP est désormais un interlocuteur fiable qui a reconnu le droit à l’existence d’Israël, Le Hamas et le Jihad islamique multiplient les attentats qui terrorisent et sapent la confiance, et du côté israélien les extrémistes ont le dernier mot en faisant assassiner l’acteur majeur du processus, Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995. Le processus de paix n’a pu dès lors être relancé et sera enterré par la deuxième intifada de 2000.

2001/2002 : les oppositions à 13/14° puis 17° Gémeaux-Sagittaire sont marquées par les attentats du 11-septembre et le début de la seconde guerre d’Afghanistan. George Bush déclenche la guerre contre le terrorisme et ce qu’il nomme « l’axe du mal » avec toute une stratégie guerrière entraînant dans son sillage de nombreux alliés occidentaux. En 2002, au moment de la conjonction de la queue du dragon avec Pluton en Sagittaire, s’ébauche toute une stratégie des USA pour faire croire à l’existence des armes de destruction massive en Irak et légitimer l’attaque de l’Irak en 2003 par les Nations-Unies. Bien seule dans le camp occidental, la France s’opposera à cette stratégie. Dès lors rien ne pourra arrêter la déstabilisation durable de tout le Moyen-Orient et la contagion terroriste en réaction à la destruction des états. Pendant ce temps la Russie de Poutine et de Medvedev affirme un pouvoir central autoritaire après avoir écrasé la Tchétchénie sous les bombes.

Au Moyen-Orient, La seconde intifada débute en septembre 2000 suite à la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées et à la mort en direct d’un jeune palestinien de 12 ans Mohammed al-Dura. Les évènements qui s’ensuivent jusqu’en 2005 sont perçus et décrits fort différemment selon les protagonistes : pour les Israéliens comme une campagne de terrorisme palestinien, et pour les palestiniens comme des révoltes contre l’occupation et la colonisation. Les violences s’enchainent crescendo à partir de 2001, avec des attentats-suicide du Hamas et des réponses ciblées et puissantes de l’armée israélienne qui portent des noms aussi divers qu’imagés : opération rempart (2002 avec le début de construction d’un mur de séparation), opération arc-en-ciel (2004), opération pluies d’étés (2006), opération plomb durci (2009).

2010 : lors du carré décroissant à 4° Balance-Capricorne une crise financière éclate dans l’Eurogroupe à travers la dette grecque et enclenche des politiques d’austérité de plus en plus dures à l’égard des pays du Sud. Des Révolutions dites du printemps arabe s’enclenchent, tandis que les puissances occidentales, dont la France aux premières loges, interviennent en Libye et contribuent à déstabiliser durablement tout le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. En mars 2011, la catastrophique guerre en Syrie s’enclenche, sans que l’Occident ne daigne cette fois intervenir, tandis qu’un tremblement de terre au Japon entraîne la catastrophe de Fukushima. Pendant ce temps la Russie revient sur la scène internationale, après son intervention en Géorgie en 2008.

Les carrés de Pluton à Uranus commencent à se faire sentir. Si bien que durant toutes les années 2010 monte la conscience du dérèglement climatique et de la catastrophe que fait peser sur la planète la dérégulation de la finance et de l’économie, le pillage des ressources naturelles, l’accroissement des inégalités et la fracture sociale entre les bienheureux de la mondialisation et les oubliés. On en est là au seuil du nouveau cycle dans le Capricorne début 2020 lorsque le nouveau cycle fait son entrée fracassante avec la pandémie de Covid.

 

Pendant ce temps, la question palestinienne s’invisibilise derrière les murs de séparation

L’année 2005 a marqué un tournant avec la rencontre de Charm-el-Cheikh entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas et le désengagement unilatéral israélien de Gaza qui s’ensuit. A partir de 2006, Israël organise le blocus de Gaza qu’il laisse sous la houlette du Hamas, n’hésitant pas à nourrir l’hydre terroriste avec le soutien des fonds Qataris, pour marginaliser toujours plus l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.

Dès lors, malgré les violences qui ne cessent point, une sorte de gel du conflit et d’ensevelissement de toute perspective de processus de paix s’opère. La communauté internationale tout occupée par les autres conflits du Proche-Orient (l’intervention américaine en Irak et en Afghanistan suite aux attentats du 11-septembre, la lutte de la coalition dans les années 2010 contre l’extension du terrorisme en Syrie et en Irak), puis par le conflit en Ukraine à partir de 2022, ne s’est plus guère intéressée au conflit israélo-palestinien qu’elle qualifie « de basse intensité » et dont elle a délégué en quelque sorte la gestion aux Israéliens. Ces derniers gèrent au mieux leur sécurité en édifiant des barrières avec un système de surveillance et d’alerte électronique ultrasophistiqué et en opérant une sorte d’accord « faustien » (expression d’un historien, Vincent Lemire) avec le Hamas pour gérer Gaza, tandis que l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas est marginalisée et qu’une campagne de colonisation agressive hors de toute légalité s’étend en Cisjordanie.

La politique du pire et la spirale sans fin de la violence

Il n’y a plus d’interlocuteur crédible pour représenter le peuple palestinien et en l’absence d’une parole pouvant être formulée et entendue, la violence s’est déchainée : les extrémistes des deux bords qui avaient fait échouer le processus de paix à l’aube de l’an 2000, se retrouvent face à face : l’extrême droite israélienne qui avait assassiné Rabin et s’exprime chez des colons en Cisjordanie de manière débridée depuis que le régime de Netanyahou a composé avec elle, et le Hamas qui reste la seule puissance à s’exprimer à Gaza. Le jeu des extrémismes a gagné. L’hydre terroriste s’est réveillée, la question palestinienne, d’un côté, et le droit du peuple juif à la sécurité, de l’autre, ont ressurgi de la pire manière : Les deux peuples sont terrassés par la spirale sans fin de la violence !

La guerre du Sukkot et la géopolitique mondiale

La revue en ligne le Grand Continent[6] a dressé la carte des réactions internationales [7] à ce qu’elle nomme la guerre du Sukkot, par analogie à la guerre du Kippour de 1973 qui a eu lieu cinquante ans auparavant (Sukkot du nom de la fête juive des Tabernacles durant laquelle se sont déroulées les attaques du Hamas, cette fête commémore le séjour des Hébreux dans le désert après leur sortie d’Egypte). Comment ne pas y voir une terrible résonnance avec 2,2 millions de Gazaouis bloqués dans leur territoire, sans aucun endroit où se mettre à l’abris, interdits d’issue même vers l’Egypte ?

Selon la revue trois blocs de réaction se distinguent :

  • Un premier bloc (en bleu sur la carte) condamne fermement les attaques et soutient Israël. Il compte la plupart des pays occidentaux suivant habituellement la politique américaine, dont l’Europe et la France actuelle, mais aussi l’Inde, certains pays d’Amérique du Sud dont l’Argentine et le Pérou,
  • Un deuxième bloc (en jaune sur la carte) appelle à la désescalade avec ou sans condamnation. Ce bloc rassemble des pays importants comme la Russie, la Chine, l’Arabie, l’Egypte, la Turquie, le Mexique, le Brésil, le Chili, l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Maroc ;
  • Un troisième bloc (en rouge sur la carte) affiche son soutien au Hamas. Il compte moins de pays mais toute la ceinture des pays arabes radicaux, du Golfe au Maghreb : Pakistan, Iran, Irak, Syrie, Libye, Algérie, Mauritanie jusqu’au Venezuelae en Amérique latine.

Le monde parait désormais divisé en 3 blocs dont le bloc occidental paré de la bonne conscience démocratique dont on crédite Israël car il est une démocratie, même s’il a élu un gouvernement d’extrême droite. Ce bloc occidental est ressenti par le reste du monde comme partisan inconditionnel d’Israël, au détriment des Palestiniens et de toutes les populations arabes.

Le bloc qui appelle à la désescalade compte dans ses rangs la Russie qui n’a pas hésité à agresser l’Ukraine… mais elle rassemble des pays dits du Sud global, ou des pays arabes modérés qui ne remettent plus en question l’existence d’Israël, mais qui souhaitent s’affranchir de l’hégémonie de la bonne conscience occidentale, qui se pare des vertus de la démocratie pour faire des leçons au monde.

Le bloc pro-hamas comporte, outre l’Iran, les pays arabes les plus radicaux, sinon au niveau religieux, du moins au niveau politique, et en tous les cas les plus anti-occidentaux.

La position de la France :  Jusqu’à la fin de la présidence de Jacques Chirac en 2007, dans la lignée de De Gaulle et Mitterrand, la France ne s’alignait pas systématiquement sur les Etats-Unis et le bloc occidental, en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien et ses relations avec le monde arabe. Elle tentait une politique d’équilibre et de non alignement partisan qu’elle a affirmé avec honneur lorsque les Américains ont lancé la guerre en Irak.  Depuis la présidence Sarkozy, et le retour de la France dans le commandement de l’Otan, sa politique s’est alignée de plus en plus systématiquement sur celle des USA, jusqu’à s’aligner totalement sur le bloc dit occidental lors de la guerre en Ukraine, avec la présidence d’Emmanuel Macron. Cette fois encore, la France ne s’est pas démarquée de la position occidentale dominante.

Est-on pour cela en Occident un meilleur soutien ou ami d’Israël ? Comme s’interrogeait le cinéaste israélien, Nadav Lapid, sur un plateau de Médiapart : est-ce que le rôle d’un ami n’était pas de nous prévenir quand nous faisions fausse route ? N’est-il pas maintenant de tenir le bras de celui qui, égaré de douleur, cherche vengeance ?

 

Un conflit à haute résonnance symbolique

La perspective des accords si bien ou mal nommés d’Abraham entre Israël et certains pays arabes a peut-être fait surgir la tragédie. Abraham, patriarche des trois religions monothéistes, ne se rappelle-t-il pas à la bonne mémoire de tous les frères ennemis pour qu’ils cohabitent en paix ?

Dans cette terre qui est le berceau des 3 monothéismes, deux peuples se trouvent confrontés à leur plus profonde mémoire traumatique : pour les Juifs ressurgissent les fantômes des pogroms et de la shoah ; pour les Palestiniens pressés sous les bombes de fuir leur territoire pourtant sans issue, le spectre de la Naqba.

Ailleurs dans le monde on se trouve sommé de choisir et défendre son camp tout en condamnant fermement l’autre. Comme si nous ne pouvions plus choisir celui, non pas médian mais inclusif, de notre tragique et commune humanité !

 

NB : Si vous souhaitez approfondir votre réflexion je vous recommande l’excellent entretien-vidéo avec le sociologue Bertrand Badie, proposé par Médiapart le 19 octobre

Guerre au Proche-Orient : les mots et l’histoire du conflit | Mediapart

 

NOTES

[1] Amin Maalouf, Le Naufrage des civilisations, Grasset, 2019, page 134. L’auteur mentionne le célèbre conseiller de l’Emir, Lawrence d’Arabie.

[2] Voir dans le chapitre 6-2 de Astrologie Science de la Conscience, Le cycle Saturne-Uranus de 1897 et l’incarnation du projet sioniste.

[3] Site de l’ONU, Histoire de la question palestinienne, comme toutes les citations qui suivront. 

[4] Dane Rudhyar, Symboles Sabian, Librairie de Médicis, 1993.

[5] Amin Maalouf, Le naufrage des civilisations, op. cit.

[6] https://legrandcontinent.eu

[7] Site du Grand Continent.

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Fanchon Pradalier-Roy
Fanchon Pradalier-Roy

19/10/2023

6 réflexions sur “Un conflit centenaire au coeur des grands cycles de civilisation”

  1. Merci infiniment chère Fanchon pour ce travail très clair de lecture astrologique des évènements actuels. Il serait intéressant de donner quelques perspectives pour le futur , de quels potentiels ces peuples disposent pour construire la paix et suivre la mission d’âme de leur nation comme l’esquisse Alice Bailey. Dommage elle a peu parlé des nations du moyen orient.
    Je t’embrasse bien amicalement et espère te voir bientôt à paris peut être.

  2. PETEL-FRANCOIS Mireille

    Bonsoir Fanchon,
    Merci pour cette explication de l’histoire en lien avec les cycles astrologiques.
    Quel avenir pour ces populations ? Quel cycle pour éclairer l’humanité dans son rôle d’inclusion ?
    Personne ne sort grandit de cette situation.
    Mireille

  3. PETEL-FRANCOIS Mireille

    Je reprends le livre d’Annick de S. « La Lettre chemin de vie » – page 214 –

    « Nous voyons ici que chacun des deux frères porte en son nom le germe de vie de l’autre :
    « Israël – celui qui combat – écoute.
    « Ismaël – celui qui écoute – combat.
    « Lorsque les deux frères s’embrasseront, l’humanité tout entière entrera dans la dimension d’aigle, totalement connaissante. Elle entrera dans les temps messianiques.
    « N’est-il pas signifiant que prémices de ces temps, l’année 1977 vit le Président Sadate venir offrir la paix dans la ville de Jérusalem, ville de la Paix sacrée (celle qui a intégré tous les combats)!
    « En retour le Président Begin le visita à Ismaïlia, ville de l’écoute.
    « Que nos frères juifs et arabes sachent qu’ils sont, en tant que peuples, ce que nous sommes tous au plus profond de nous-mêmes. Certains d’entre nous sont conscients de porter la responsabilité de ce qui se joue au niveau de l’Humanité. Nous sommes sûrs qu’à travers nos frères hébreux et arabes le ‘YOD’ commence à vibrer dans le monde, comme au temps d’Enosh où, après que Shet fut redonné à Qaïn, le NOM – YOD HE VAV HE – repris sa place dans la conscience des Hommes. »

    1. Fanchon Pradalier-Roy

      Merci infiniment chère Mireille de nous enrichir de cet apport inestimable de la grande Annick de S. ! Comme elle le dit, c’est bien parce que « nos frères juifs et arabes sont en tant que peuples ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes » que nous sommes tellement touchés et questionnés par ce conflit interminable et cruel !

  4. Merci beaucoup Fanchon pour cet énorme travail d’analyse très précieuse. Tu nous donnes un cours magistral d’histoire très riche d’enseignement en lien avec les grands cycles de Pluton. C’est très interessant.
    Un grand merci aussi à Mireille pour le texte d’Annick de Souzenelle tellement représentatif des terribles évènements actuels, cependant évocateur d’évolution et de prise de conscience individuelle.
    Merci encore, chère Fanchon pour ta grande générosité de partage.
    Je t’embrasse très amicalement.
    Jacqueline

  5. On peut lire ici et là dans de multiples articles que la déclaration d’indépendance d’Israël a été faite 8 heures avant la fin du mandat anglais. En effet, les troupes n’ont quitté le pays qu’à minuit, comme ordonné, soit 8 heures après la déclaration.
    L’indépendance – même si elle a été bien planifiée et annoncée – ne s’est donc réellement concrétisée que vers minuit.
    L’ascendant serait en Verseau (Saturne et Uranus) et le MC à la fin du Scorpion (Mars et Pluton) ce qui collerait bien à la réalité puisqu’Israël ne présente aucune des caractéristiques du signe de la Balance, comme l’inquerait un thème monté à 16 h. Clair que si on garde cette heure de 16h48 le 14 mai, un ascendant Scorpion est déjà plus en corrélation avec l’impresssion première que donne Israël qui vit, depuis sa création, dans un conflit avec ses voisins quasi permanents.
    En tous les cas, la réalité des faits est quand même une indépendance qui commence à l’heure à laquelle le général en charge des troupes sur place, a donné l’ordre à ses soldats de quitté le pays.
    Mes deux cents

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