Un parcours singulier de formation en astrologie ou Comment devenir astrologue et créer un collectif ?

Cet article est né de la demande d’Ivan Hérard-Rudloff de témoigner de mon parcours de formation en astrologie ou bien de faire un retour d’expérience sur le collectif Univers-site au regard du nouveau collectif que nous formons aujourd’hui sous le nom d’Une astrologie pour l’ère du Verseau avec Faustine Austerlitz et Marylène Serrat. Au fil de l’écriture ces deux items se sont mariés, comme tout naturellement l’individuel finit par retrouver le collectif, et vice-versa…

C’est donc le témoignage de mon parcours de formation singulier en astrologie que je vous livre ici, en espérant vous fournir en même temps matière à réflexion sur la création et la vie d’un collectif astrologique.

[NOTA] J’ai écrit cet article pour le n°5 de Champs Astrologiques (équinoxe d’automne 2023), la revue numérique à parution équinoxiale de la FDAF.

Une rencontre déterminante

J’ai rencontré Germaine Holley en allant la consulter à la fin de l’été 1976. Je rentrais d’Afrique où j’avais œuvré à la production d’émissions de mathématiques dans le vaste programme d’éducation télévisuelle de tout l’enseignement primaire de Côte d’Ivoire, soutenu par une coopération franco-québécoise et l’Unesco. J’avais besoin de faire le point sur ma vie professionnelle et personnelle et, en particulier, je cherchais à reprendre des études après celles de mathématiques interrompues par dix années africaines. Une amie m’avait donné le contact de Germaine Holley à Paris qui fut fort étonnée que je tombe sur elle au téléphone alors qu’elle était « comme par hasard » juste de passage. Touchée par ce signe, elle me donne rendez-vous aussitôt et m’a fort judicieusement encouragée dans mon envie de poursuivre des études en Sciences de l’éducation à l’Université d’avant-garde qu’était celle de Vincennes[1] (Paris VIII, qui a émigré depuis à Saint-Denis), créée dans l’élan de Mai-68.

Touchée par cette rencontre et fortement émue par ses mots qui avaient su révéler mes potentiels et sonnaient si justes à mon cœur, je m’attardai sur le pas de la porte de son petit appartement de rez-de-chaussée de la rue du Ranelagh, en attente de je ne sais quoi et dans l’impossibilité de la quitter… Comme lorsqu’on vient de rencontrer un être d’importance dans sa vie et qu’une évidence s’impose sans que l’on puisse encore la nommer. Elle me fixait de son regard à la fois perçant et bienveillant et lâcha : « Vous, vous pourriez faire de l’astrologie ! ».

 

Fanchon Pradalier-Roy et Germaine Holley à Paris, en 1989. (Photographie d’Hubert Roy)

Très rapidement je rejoignis ses cours et, au contact de son groupe de vétérans, m’imprégnais de son enseignement et d’astrologie dont j’ignorais jusqu’alors le langage. Elle était en train de terminer la publication de son premier ouvrage, Comment comprendre votre horoscope aux éditions du Rocher en 1977, et j’ai pu très vite bénéficier de la richesse de ses écrits pour m’exercer.

[1] C’étaient des professeurs de Vincennes qui participaient à l’évaluation du Programme d’Education télévisuelle de Bouaké.

 

Les éditions du Rocher, la collection « Gnose » et l’astrologie

L’histoire de la publication de ce premier ouvrage de Germaine Holley marque l’histoire même de l’astrologie en France. Début 1977 elle avait demandé un rendez-vous avec Jean-Paul Bertrand qui venait de prendre la direction des Editions du Rocher, pour lui présenter Dane Rudhyar (qu’elle avait rencontré lors de conférences aux Etats-Unis et avec qui elle était en relation épistolaire et téléphonique fréquente) et lui proposer la traduction française par son amie suisse (également amie de Charles Vouga) Yvonne Anex-Genoud, de l’un de ses ouvrages, Le Cycle de la Lunaison. Rien ne se passa comme prévu : l’éditeur charmé par ses échanges avec Germaine née un même jour que lui[1], et passionné par l’astrologie comme par toutes formes d’ésotérisme sérieux, lui demande si elle-même écrit et a quelque chose à lui proposer. Elle lui parle de son ouvrage en cours que Jean-Paul Bertrand souhaite voir aussitôt même si elle considère qu’il n’est pas terminé. A la deuxième rencontre, il lui déclare : « Je prends votre ouvrage en premier, il va lancer ma nouvelle collection ‘Gnose’[2], je publierai celui de Rudhyar à la suite ». Ainsi le premier tome de l’ouvrage phare de Germaine Holley Comment comprendre votre horoscope sortit au dernier trimestre 1977, et celui de Rudhyar au premier trimestre 1978, en même temps que Le Bouddhisme du Bouddha d’Alexandra David-Neel.

Jean-Paul Bertrand considérait Germaine Holley comme la marraine et le porte-bonheur de sa collection « Gnose » qui connut un grand succès. Leur amitié ne s’est jamais démentie, jusqu’au décès de cette dernière.

[1] Jean-Paul Bertrand est né le 8 octobre 1943 et Germaine Holley, le 8 octobre 1904.

[2] Consacrée à des ouvrages importants en ésotérisme et qui eût un grand succès dans les années suivantes.

Un parcours formateur à la croisée de l’éducation et des nouvelles technologies

En 5 ans j’ai suivi un formidable parcours d’études en Sciences de l’éducation jusqu’au DEA grâce à des enseignants-chercheurs précurseurs, privilégiant la pluridisciplinarité, les retours d’expérience et les apports conjoints de la philosophie, de la sociologie, de la psychanalyse et des arts comme le cinéma et la vidéo. Je travaillais en même temps comme chargée de recherche et de formation au fameux service de la recherche de l’ex-ORTF désormais rattaché à l’Institut National de l’Audiovisuel (INA à Bry-Sur-Marne)… et je continuai à m’enseigner en astrologie auprès de Germaine Holley. L’année dans les cours rue du Ranelagh notamment chez Nadine de Waldner et l’été à Varengeville-sur-Mer où Germaine Holley aimait vivre dans une petite maison qu’elle louait durant l’été, alors qu’en groupe nous louions une maison mitoyenne. Ah ces après-midis à écouter Germaine Holley et les conférences enregistrées de Charles Vouga, un enseignement précieux que nous suivions avec gratitude !

En 1981, grosse rupture (Pluton transite alors mon Jupiter natal maître de 10, et fait double carré à l’Axe FC-MC de Germaine Holley). Mes deux enfants, éprouvés par ces années parisiennes après leur douce petite-enfance africaine, se rappellent à moi par leur hypersensibilité à la pollution et leurs aspirations à regagner le Sud de la France où ils sont nés comme moi, et où allait vivre leur père… Je démissionne de l’INA, prend mon sujet de ce que l’on nommait alors DEA (Diplôme d’Etude Approfondie) sous le bras[1], et atterrit comme un OVNI dans le Biterrois à l’antenne de Béziers du Centre Régional de Documentation pédagogique (CRDP) de Montpellier.

 

Un accompagnement permanent : années 80 et début des années 90

Germaine Holley, mortifiée de mon départ mais confiante dans mon parcours d’évolution, attendait mes retours à Paris, à l’Abbaye du Limon où elle résidait à partir du milieu des années 80, puis à Varengeville-sur-Mer l’été.

Durant toutes les années 80, Germaine Holley a été très prolixe en écriture. Très soutenue par son éditeur Jean-Paul Bertrand, qui était devenu un véritable ami, elle a sorti presque un livre par an. Nous n’avons cessé de travailler ensemble jusqu’à son départ en 1995. En 1986, avec mon époux Hubert Roy, nous avons tourné le film sur sa vision de l’astrologie : A chacun son Soleil qui porte comme titre la traduction de l’inscription relevée sous l’horloge astronomique du bâtiment de la première Université de Montpellier : « A cadùn son souleu ».

En 1988-89 nous avons travaillé ensemble à sa biographie qui a été publiée, toujours au Rocher, sous le titre Astrologie : au-delà de la rencontre en novembre 1989, à la chute du mur de Berlin. Mon époux et moi étions justement auprès d’elle à Paris et à Limon et nous avons savouré cet évènement digne du Turning Point qu’elle avait annoncé, en correspondance avec le périhélie de Pluton. Elle a affirmé : « Comme les deux coupes opposées du signe des Poissons, les systèmes communiste et capitaliste se tiennent dos à dos, dès lors que le système communiste s’effondre, le système capitaliste n’a plus rien contre quoi s’adosser et finira par s’effondrer, marquant la fin de l’ère duelle des Poissons ! ». Elle croyait à l’Europe et à la vision de Mikhaïl Gorbatchev d’une « maison commune » européenne, mais savait combien c’était encore utopique !

Durant l’été 1990, alors qu’éclatait la Guerre du Golfe, nous avons travaillé ensemble, à Varengeville-sur-Mer, sur son ouvrage Lecture astrologique des années 90. Les Grandes mutations mondiales. Entre deux ères : Poissons-Verseau qui parut aux éditions du Rocher début 1991. Elle m’a transmis toute une vision sur les grands cycles astrologiques, à l’occasion du renouvellement en 1993 du grand cycle Neptune-Uranus qui était alors en phase balsamique. Nous partagions le goût de l’évolution de conscience de l’humanité qui se lit à travers l’histoire individuelle et collective. Elle me disait : « les hommes politiques croient tout devoir à leurs seuls talents mais ils ne savent pas combien j’ai de la joie à les observer au regard de l’astrologie ». Elle s’était en effet beaucoup amusée en 1981 de l’élection de François Mitterrand tant redoutée par la presse qu’elle lisait quotidiennement, car pour elle cette élection était une évidence astrologique. Elle déplorait « l’inconscience de l’humanité » et se demandait comment on pouvait vivre sans ce repère inestimable que fournit l’astrologie. Comme moi, elle suivait l’actualité politique mondiale et nous échangions avec bonheur sur les inconsciences et les évolutions du monde.

Impatiente sans doute que je puisse consacrer plus de temps à l’astrologie, elle me questionnait beaucoup sur mes activités au sein de l’Education et déplorait le peu d’avancée concrète au regard des efforts que j’y mettais…

 

Un parcours formateur sur les formidables évolutions technologiques de la fin du XXe siècle

J’effectuais en vérité un parcours éprouvant mais formateur sur les formidables évolutions technologiques de cette fin de XXe siècle dont je ferai bénéficier mes activités astrologiques futures, mais ni Germaine Holley ni moi-même ne pouvions l’imaginer alors.

En 1982, je réalisai un rapport pour le Ministre de l’Education Nationale sur le développement des nouvelles technologies dans l’éducation dans la perspective de la numérisation. Dans la foulée je participai avec la Ville de Montpellier, le CNET (Centre National d’Etude des Télécommunications) et le CRDP aux travaux de la Mission Câble et montai le premier service éducatif interactif sur le câble, Educable, couplant l’utilisation du minitel et du câble et qui a fonctionné dans les 15 premières villes câblées en France. Puis je me suis intéressée à l’enseignement à distance en devenant directrice d’une association fédérant les principaux organismes français dans le domaine : CNED (Centre National d’Enseignement à Distance), CNAM et universités ; nous avons notamment lancé des programmes de formation sur le satellite Olympus avec l’Agence Spatiale Européenne.

Je n’avais plus le temps de travailler à mon doctorat en Sciences de l’éducation qui portait sur « les pratiques multimédias innovantes dans l’éducation et la formation », je les expérimentais et contribuais concrètement à les mettre en place !

En 1991, mon chemin a croisé avec bonheur Michel Serres et sa formidable équipe animée par le philosophe et mathématicien Michel Authier, inventeur des Arbres de connaissance. Edith Cresson, alors première ministre, charge Michel Serres de préparer ce qu’elle nomme « l’Université de France » pour délivrer un enseignement à distance des savoirs fondamentaux. Je participai activement aux travaux de sa mission étant donné que notre association avait réalisé des études sur toutes les expériences connues d’enseignement à distance dans le monde et que nous rassemblions les principaux acteurs français dans le domaine.

Selon l’article réalisé par Le Point au moment du décès de Michel Serres[2] : « son rapport jugé « utopique » est accueilli fraîchement. « On appelle utopique ce que l’on ne comprend pas », rétorque-t-il. « Nous sommes à l’an zéro d’une nouvelle manière de partager le savoir », analyse-t-il en 1996, en relevant que les moyens modernes de communication bouleversent la nature même de l’enseignement ». Un rapport novateur et visionnaire qui distinguait le savoir et la connaissance toujours reliée aux personnes et à leur conscience, prônait l’accès à la formation tout au long de la vie, les enrichissements réciproques à travers des réseaux de connaissance construits selon le concept des Arbres de connaissance créé par Michel Authier (véritable ancêtre des réseaux sociaux qui n’en ont repris que l’écume). Les successeurs d’Edith Cresson ont relégué le rapport aux archives mais ces travaux ont enrichi tout le collectif qui a participé de près ou de loin à son élaboration. Nous avons ainsi participé à la création et au lancement de la Cinquième chaîne qui avait des visées « éducatives » avant qu’un Berlusconi ne s’en mêle ! Comme le remarquait déjà Edison, à la fin du XIXe, lors de l’invention du phonographe, chaque fois qu’un nouveau média voit le jour on lui espère des usages éducatifs pour le bien du plus grand nombre, mais le marché s’en empare pour viser le profit à court terme.

 

Savoir, connaissance, conscience

En 1998, j’ai accompagné Michel Authier dans l’écriture de son ouvrage Pays de connaissance, préfacé par Michel Serres, où il développait les concepts de savoir, connaissance et conscience et j’y voyais une grande proximité avec ce que je travaillais avec Germaine Holley en astrologie : la connaissance comme fruit d’une rencontre vivante, parfois confrontante mais toujours avec une visée émancipatrice, versus le savoir reproduit ad nauseam. Pour moi l’astrologie est vivante, toujours en création et toujours en reformulation, à hauteur de la conscience des individus qui la travaillent. Elle est même un support d’éveil de conscience et c’est pourquoi j’ai montré à travers mes ouvrages que l’astrologie est une véritable « science de la conscience », elle est la part « conscience » et subjective (du point de vue du sujet conscient) de la grande science objective qu’est l’astronomie.

 

Le droit moral sur l’œuvre de Germaine Holley et son œuvre commune avec Charles Vouga

Sophie Klein et moi restions très proches de Germaine Holley surtout lorsqu’elle resta vivre définitivement à l’Abbaye de Limon. Prévoyante, Germaine Holley pensait à la suite et, conseillée par l’époux de Sophie, le grand avocat Théo Klein, elle me confia le droit moral sur son œuvre et son œuvre commune avec Charles Vouga. En 1993, elle me demanda de la représenter et de faire une conférence à sa place au Québec, au symposium international de Shawinigan organisé chaque année par Yolande Gagnon, une de ses grandes amies et admiratrices. Je me retrouvai à parler d’astrologie avec Lise Thouin, Patrice Van Eersel, Pierre Jovanovic dans des rencontres portées par un souffle fraternel qui m’a inspiré pour les colloques que j’organiserai par la suite en astrologie.

 

Collection « Astrologie » aux éditions du Rocher et création d’Univers-site, université d’astrologie en ligne

Au décès de Germaine Holley, en février 1995, je rencontre « comme par hasard » de gros différends professionnels qui m’éjectent de la trajectoire officielle de l’enseignement à distance et me ramènent enfin à l’astrologie… Puisque l’Éducation Nationale ne veut pas d’une université ouverte et à distance pour tous, forte des travaux de ces dernières années, je vais créer une université d’astrologie en ligne !

Par chance, Jean-Paul Bertrand me confie à cette époque le suivi de la collection « Astrologie » des éditions du Rocher. Moi qui n’avais travaillé jusqu’alors qu’avec Germaine Holley, je fus par bonheur plongée dans la lecture de maints manuscrits qui m’ouvrirent les portes de l’avant-garde de la connaissance astrologique contemporaine et de ses auteurs et autrices. A part Germaine Holley et Liz Green, les autrices étaient fortement minoritaires !

J’ai mis trois ans pour créer Univers-site, monter une société support (Edit Plus), étudier et répertorier les technologies à mettre en œuvre (c’était la décennie d’émergence d’Internet), formuler les objectifs, bâtir les cahiers des charges des formations et services à distance, et enfin rassembler autour du projet de manière consensuelle puis graduellement contractuelle un groupe d’astrologues susceptibles de proposer des cours à distance ou des articles de recherche – je suis même allée à nouveau au Québec pour en rencontrer. Le service a été mis en ligne en octobre 1998.

On pouvait y accéder par abonnement et il proposait : un campus électronique avec plusieurs forums d’échange à l’image des réseaux sociaux actuels, une revue numérique mensuelle Les Cahiers d’Univers-site, publiée à la Nouvelle Lune avec des articles fournis des contributeurs, des cours et modules d’astrologie de différents niveaux et contenus. Les étudiants pouvaient construire un parcours individualisé de formation à distance, avec contrat de formation et validation par la Formation Professionnelle. Les supports des cours étaient alors essentiellement des documents écrits avec conseils de travail, suivi individualisé (retour personnalisé aux exercices et évaluation en fin de cursus), mais la participation active à des échanges de groupe grâce aux forums, en avant-première des futurs réseaux sociaux, était très appréciée. Il a fallu apprendre à gérer ces collectifs, proposer une charte des usagers et modérer les interventions trop agressives ! Le forum ouvert à tous a rassemblé plusieurs centaines d’usagers qui avaient l’obligation de s’identifier et ne pouvaient poser une contribution en masquant leur identité !

 

Un collectif d’astrologues

Le noyau dynamique d’Univers-site s’est modifié au gré du temps et des motivations de chacun. Dès le début j’ai pu m’appuyer sur Paul Bernard et sa formidable ouverture. Le premier cercle rassemblait Yves Lenoble, Jean-François Berry, Robert Amadou, Solange de Mailly-Nesle, Catherine Gestas, François Guiraud et l’astrologue québécois Marc Bériault, puis certains se sont éloignés, et d’autres ont rejoint parfois brièvement : Charles Ridoux, Christian Drouaillet, Henri Desforges, Francis Santoni, Francine et Robert Gouiran, Christian Duchaussoy, Raphaël Ibanez, Annick Pineau, Eric Destère, Brigitte Colinet, Richard Doyle, Alexandra Lach, etc. Les contributions consistaient à fournir des articles pour la revue mensuelle en ligne, participer aux Rencontres annuelles organisées à Montpellier, Palavas ou Paris (pour le centenaire de Germaine Holley en 2004), animer des cours à distance pour lesquels je proposais un protocole complet de mise en œuvre et d’engagement puis de validation.

 

Retour à l’édition

A mesure qu’Internet et le Web gagnaient en attractivité, chaque astrologue ou participant d’Univers-site a fini par monter son site en son nom propre ou au nom de son école… tout en restant parfois dans le giron d’Univers-site, mais l’individualisme gagnait, l’esprit collectif en souffrait et se dispersait sur les réseaux sociaux en émergence. Pour ne citer qu’un exemple, la chronique humoristique de Jean-François Berry est devenue sa revue mensuelle Les Potins de la comète, si prisée de ceux qui suivaient ses enseignements.

Quant à moi je ne gagnais pas ma vie malgré ce très gros travail d’administration, d’animation, de coordination et, au bout de sept ans de fonctionnement, en 2005, je jetai l’éponge d’Univers-site, sans me résoudre pour autant à monter un site en mon nom (je ne le ferai qu’en 2014, en attendant d’agréger un nouveau collectif). Peut-être que pour créer un collectif Verseau, il est nécessaire de faire rayonner son propre Soleil ? J’avais déjà commencé à publier mes recherches astrologiques à travers quatre publications entre 2000 et 2005[3] et, en 2005, je rejoignis Jean-Paul Bertrand à Paris dans son nouveau projet de maison d’édition, Alphée, exclusivement consacrée au début aux sciences ésotériques et à l’émergence d’une nouvelle conscience (on dirait maintenant : « d’un nouveau paradigme »). J’assurais l’édition exécutive et la responsabilité du bureau parisien d’Alphée.

Exit l’astrologie… pendant cinq ans j’ai ouvert ma conscience à des publications autres qu’astrologiques, d’avant-garde certes, parfois hélas éphémères, tant l’économie de l’édition était en train de se transformer, en s’appuyant plus sur le buzz médiatique instantané que sur la profondeur et la qualité des publications constituant un fonds de référence. Mais je suis très reconnaissante d’avoir travaillé avec des auteurs visionnaires tels Guibert del Marmol (Tomber plus haut), Marc Luyckx Ghisi (Surgissement d’un nouveau monde), Barbara Hand-Clow (le Code Maya), Carl Johan Calleman (Cosmologie maya et théorie quantique), Claire Séverac et son prémonitoire Complot Mondial contre la santé (2010), et d’avoir rencontré des jeunes auteurs comme Mathieu Rougeron que je retrouve en astrologie depuis (il est le créateur d’Olympia Astrologie).

Malgré l’audace et le courage de Jean-Paul Bertrand, un travail acharné avec une formidable petite équipe éditoriale, l’aventure d’Alphée s’est fracassée en 2010 sur les récifs de la crise économique.

 

Retour à la recherche, à la clinique et à la formation en astrologie

Riche de toutes ces rencontres et lectures, je m’en retourne fin 2010 dans ma bergerie au cœur de la garrigue méditerranéenne et relance mes recherches astrologiques sur les cycles. Cela donne en 2013 la publication de La Destinée de la France – Essai sur une astrologie des civilisations, les rencontres qui s’ensuivent avec Auroville et différents colloques où je suis invitée. Je monte un site en mon nom, même si cela ne me satisfait point.

Je pratique cliniquement l’astrologie à travers de nombreuses consultations qui nourrissent et irriguent concrètement tout mon travail et mes recherches. En 2018, je sens l’urgence de diffuser ces travaux sur les cycles alors que se prépare en 2020 un formidable renouvellement de cycles astrologiques. Je rencontre Daniel Vega (AstroQuick) qui m’aide à numériser tous les enregistrements des conférences de Charles Vouga pour les mettre en ligne, et je saisis l’opportunité d’une coopération avec une dynamique association grenobloise pour dispenser des cours d’astrologie, que mon époux, Hubert Roy, filme et remonte de manière professionnelle pour constituer un fonds de formation précieux. Dans le même temps j’anime un premier séminaire à distance sur les grands cycles astrologiques qui sera le socle de mon ouvrage de 2022 Astrologie, Science de la Conscience – Les Grands cycles de civilisations.

 

Un nouveau collectif astrologique : Une astrologie pour l’ère du Verseau

L’urgence à diffuser que je ressentais à la fin des années 2010 et mon élan à y répondre se sont trouvés grandement récompensés par la création inattendue d’un collectif : Marylène Serrat qui a rejoint le premier séminaire à distance sur les cycles, collabore aux cours sur Grenoble et aux recherches sur l’Arbre de Vie astrologique et l’astrologie ésotérique d’Alice Bailey. Faustine Austerlitz que je connaissais depuis dix ans s’est subitement sentie le goût d’apprendre l’astrologie. Elle s’est inscrite à la première saison de cours, puis à la deuxième qu’elle a parcouru comme un météore si bien qu’en deux ans elle m’a rejoint dans l’écriture de ce que j’entrevoyais comme deuxième tome du gros livre sur les cycles. Celui-ci est devenu, grâce à sa patte artistique et astrologique propre, l’Almanach astrologique des générations du XXe et XXIe siècle.

Fortes de notre coopération, nous décidons en janvier 2022 de réunir nos forces à travers un nouveau site Astrologieduverseau.fr dans lequel s’est fondu le site à mon nom.

 

Marylène Serrat, Fanchon Pradalier-Roy et Faustine Austerlitz (Photographie d’H.R.)

Ainsi le double projet posé par Charles Vouga d’une astrologie pour l’ère du Verseau[4] et par Germaine Holley (à la fin des années 80 et au début des années 90[5]) d’une astrologie des générations, pour de nouvelles générations prenait corps à travers notre trio.

Mon idée, très uranienne, d’une université d’astrologie n’a pu se réaliser pleinement à l’époque par simple agrégation d’astrologues forcément séparés par leur puissance individuelle (Saturne), mais elle trouve maintenant à s’incarner dans notre trio qui offre un support concret et collectif à Saturne. Et ce Saturne-là est prêt à agréger toutes celles et ceux qui s’y reconnaitront !

C’est Faustine qui m’a soufflé la conclusion qui sonne comme une profession de foi : « Aujourd’hui nous poursuivons cette œuvre d’université astrologique, à travers un cursus certes construit avec mes connaissances astrologiques et pédagogiques, mais qui intègre désormais la vision d’une nouvelle génération d’astrologues féminines, attachée autant à la pratique pour soutenir les consultants, qu’à la recherche pour garder toujours plus vivante et vibrante cette discipline millénaire et pourtant si moderne qu’est l’Astrologie ! »

FANCHON PRADALIER-ROY – Août 2023

 

[1] Le sujet de mon DEA, intitulé A la périphérie de la Métropole, portait sur les pratiques audiovisuelles dans l’éducation et la formation comme porteuses d’innovation pédagogique.

[2] Le Point du 01/06/2019.

[3] L’Univers de l’Homme (2000), Pour comprendre l’astrologie (2002), L’Amour ou le choix de la vie (2004) aux éditions du Rocher, et Le Karma dévoilé (2005) aux éditions Alphée.

[4] Titre d’un ouvrage tiré de ses conférences, publié aux éditions du Rocher en 1979.

[5] Au moment de la naissance de Faustine, il n’y a pas de hasard cyclique !

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Fanchon Pradalier-Roy

1/10/2023

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