Charles Vouga, un pionnier de l’astrologie

Charles VOUGA est né le 22 juin 1889 à 22H à New-York, d’un père suisse et d’une mère anglaise. Soit au solstice d’été, trois ans seulement avant le début du nouveau cycle de 500 ans entre Pluton et Neptune, dont la conjonction intervient en 1892 à 9° des Gémeaux, au degré exact d’Aldébaran, l’œil du Taureau, représentant l’œil de Dieu ou le centre de notre univers.

De l’intérêt pour la théosophie à l’astrologie

Suite à la séparation de ses parents, il passe son enfance et son adolescence en Suisse dans la famille de son père, très stricte et religieuse, qui a façonné son caractère rigoureux et sa profonde recherche intérieure. Dans les années trente, Charles Vouga part aux Etats-Unis pour rejoindre le mouvement théosophique d’Alice Bailey très florissant à l’époque. Il s’installe d’abord à Washington où il donne des cours de français. Il y fait, par hasard, la rencontre qui déterminera toute sa vie : un violent orage l’oblige à se mettre à l’abri sous un porche. Les portes sont ouvertes et dans la salle se déroule une conférence d’astrologie qu’il écoute d’abord distraitement mais ce qu’il entend l’incite à entreprendre des études d’astrologie. Il s’y attèle avec passion et ce qu’il découvre le confirme dans l’idée qu’il a trouvé sa voie. Très vite, aucun ouvrage ni maître ne sont capables de répondre à sa quête, et il poursuit intensément ses recherches.

Elles le conduisent sur la Côte Ouest, à San Francisco : outre des cours de Français qu’il donne pour gagner sa vie, il développe différentes activités exotériques et ésotériques de recherche. Il croise tous ceux qui sont à l’avant-garde dans ce terreau californien du New Age, et devient un temps secrétaire d’une association ésotérique. Rappelons que ce que l’on nomme avec quelque mépris le « New Age » n’est autre que le « Nouvel Âge » du Verseau ! Il se lance dans l’étude et la recherche astrologique, aussi bien du point de vue scientifique, c’est-à-dire mathématique et astronomique, que subjectif et occulte. Il rencontre une médium réputée, Mrs Barnes, avec qui il collaborera durant plusieurs années : elle lui transmet régulièrement les messages de son maître d’un plan supérieur, prénommé Jones. Ces messages remplissent des dizaines et des dizaines de carnets de notes sur lesquels il revient et il planche.

Entre science et conscience : naissance d’une théorie astrologique pour l’ère du Verseau

Peu à peu, entre science et conscience, nait une véritable théorie astrologique articulée sur la dynamique entre l’inconscient collectif et l’inconscient individuel révélée par les planètes les plus récemment découvertes, les trois transpersonnelles Uranus, Neptune et Pluton. Il faut savoir que Pluton, a été imaginé au début des années 1900 comme hypothétique planète X, par un homme d’affaire et astronome amateur, Perceval Lowell, qui fit construire l’observatoire Flagstaff en Arizona notamment pour observer Mars et rechercher la planètes X. Pluton n’a été finalement repéré que le 18 février 1930, dans ce même observatoire désormais baptisé Lowell, par un autre astronome amateur, Clyde Tombaugh, qui en précise l’orbite.

Charles Vouga et les milieux astrologiques californiens sont aux premières loges pour recevoir et étudier les données sur l’orbite de Pluton, qui s’avèrent tout à fait originales par rapport à celles des autres planètes. Charles Vouga est le premier astrologue à s’intéresser de près à l’orbite de Pluton, à partir de laquelle il développe sa théorie singulière sur la dualité Pluton-Neptune et la trilogie qu’ils forment avec Uranus.

Ci-contre la copie du schéma de l’orbite de Pluton à partir de laquelle Charles Vouga a travaillé. On voit sur l’image des annotations manuelles au crayon de Charles Vouga (Pluton Taureau et la marque du périhélie de Pluton à 15° Scorpion.

Légende du Schéma : Ce schéma des orbites des planètes extérieures, extrait de la revue The Griffith Observer, d’octobre 1938, article du Dr E. C. Bower, « Pluton, the outermost Known Planet ». Griffith est l’observatoire construit en 1935 à Los Angeles sur la face sud du mont Hollywood, dans le Griffith Park. Très visité, il organise de nombreuses expositions scientifiques.

Conférences en Europe, rencontre et collaboration avec Germaine Holley

Charles Vouga est retourné en Europe, au début des années 50. Il s’installe à Lausanne où il donne des cours à un groupe de chercheurs en astrologie très assidus, dont Yvonne Anex-Genoud*. Outre les cours, il donne de nombreuses conférences en Suisse, mais aussi à Bruxelles, Londres, et surtout Paris. Son amie américaine medium l’avait averti qu’il rencontrerait une femme en Europe qui continuerait son œuvre. Et, de fait, Germaine Holley le découvre lors d’une de ses conférences très suivies à Paris, en 1954. Elle avait 50 ans et ce fut une révélation, le tournant de sa vie ! Elle fut aussi saisie en l’écoutant que lui-même des années auparavant à Washington, mais outre qu’elle découvrait cette astrologie inspirée, elle fut littéralement séduite par l’homme et resta à ses côtés jusqu’à son décès en 1963. Ils ont voyagé et œuvré ensemble, en France, en Suisse et en Italie. Ils se sont installés un certain temps près de Lausanne, au Mont Pèlerin, à la belle saison, l’hiver ils résidaient le plus souvent à Paris.

L’enseignement inspiré de Charles Vouga est de nature essentiellement orale mais Germaine Holley le pousse à écrire son premier et unique ouvrage : « Astrologie expérimentale », durant un séjour dans les Alpes suisses, à Saint-Luc à l’été 1959. Il sera publié aux éditions Traditionnelles, en 1963, juste après sa mort, puis réédité à plusieurs reprises, avant d’être repris par les éditions du Rocher en 1983, en incluant des textes nouveaux issus de conférences et rassemblés par Germaine Holley.

Le reste des publications est issue pareillement de la transcription de conférences, comme le très remarquable « Astrologie pour l’ère du Verseau », publié en 1979 par les éditions du Rocher à partir de conférences transcrites par des élèves, rassemblées et corrigées par Germaine Holley.

C’est Germaine Holley qui, après son départ, le 21 mai 1963, s’employa à mettre en forme tout cet enseignement à travers une dizaine d’ouvrages.

Une amie américaine commune, Marjorie Kilpatrick, mécène de Charles Vouga, aida alors Germaine Holley à faire les papiers nécessaires pour la préservation et la continuation de l’œuvre. Cette Marjorie était une femme tout à fait étonnante, elle tirait sa fortune d’un prêt que son père, juge à Boston, avait fait à son neveu inventeur de la photographie : Georges Eastman Kodak. Elle a fait venir à plusieurs reprises Germaine Holley aux Etats-Unis où elle a tenté de la retenir mais celle-ci s’est employée à continuer d’œuvrer en France, auprès de groupes qu’elle réunissait et formait, et à travers une œuvre écrite abondante qui a mis en forme et développé l’essentiel des enseignements de Charles Vouga. Elle y a apporté son propre génie, un sens aigüe de la synthèse, et une écriture dépouillé, sans fioriture et extrêmement précise. Elle résonnait à la dynamique des croix et des aspects de carré apporté par Charles Vouga, et y apportait sa propre vision. Elle considérait que l’astrologie était un art de la vision et de la synthèse, à l’image de la balistique qui était l’art de son père polytechnicien.

Yvonne Anex-Genoud est devenue une amie de Charles Vouga et Germaine Holley. Elle a traduit en français les premiers ouvrages de Rudhyar qui ont été publiés par les éditions du Rocher (collection Gnose) à partir de 1978.

Le destin croisé de deux géants de l’astrologie grâce à une troisième, Germaine Holley

Vouga, Soleil en Cancer et en 5, conjoint Mars, avec un ascendant Verseau, va s’employer à découvrir puis à dévoiler à travers l’astrologie les lois de la nouvelle ère émergente, l’ère du Verseau. Né en période balsamique de l’ancien cycle de Pluton-Neptune, il a œuvré essentiellement de manière ésotérique, rassemblant les meilleures graines pour les faire germer dans le nouveau cycle. Il est décédé en 1963, en fin du cycle de Pluton-Uranus, et au début de ces sixties qui ont si fortement contesté les valeurs de l’ancien monde et auguré le nouveau paradigme du Verseau.

Rudhyar, est né, lui, à l’équinoxe de printemps, le 23 mars 1895 à Paris. Il est un homme du nouveau cycle Pluton-Neptune, qui, dans son thème encadrent et inspirent son Mars en Gémeaux, maître de son Soleil Bélier. En bon Bélier, il a ouvert résolument une voie avec l’astrologie humaniste et s’est inscrit durablement dans l’émergence de tout le courant transpersonnel aux USA puis en Europe.

L’un est né en France et a œuvré aux USA, l’autre est né aux USA et a œuvré en France et dans les pays francophones. Les deux sont complémentaires. Vouga continue à imbiber les subconscients et les supra-conscients du Verseau, de manière plus subtile et ésotérique mais tout aussi fondamentale. Tous deux ont côtoyé le mouvement d’Alice Bailey, se sont enseigné un temps à la théosophie, tout en s’en démarquant et en créant deux puissants courants astrologiques autonomes.

Ils ne se sont pas connus directement, peut-être se sont-ils croisés dans les milieux ésotériques de la côte Ouest ? Germaine Holley a découvert et rencontré Rudhyar lors de ses voyages et conférences aux USA, après le décès de Charles Vouga. Elle est à l’origine de la première publication de Rudhyar en français et en France : « Le cycle de la Lunaison ». En 1976, elle rencontre Jean-Paul Bertrand qui est sur le point de reprendre les éditions du Rocher et de lancer la fameuse collection gnose pour lui présenter le manuscrit de l’ouvrage de Rudhyar, traduit par Yvonne Anex-Genoud, une astrologue suisse, proche de Charles Vouga et d’elle-même. Jean-Paul Bertrand est alors tellement marqué par l’art de présenter l’astrologie de son interlocutrice qu’il lui demande si elle-même n’a pas un manuscrit à proposer. Elle en avait un sous le coude, pensait le peaufiner avant de le présenter. Mais, curieux de la lire aussitôt, l’éditeur la pressa de lui faire parvenir le texte et fut si convaincu qu’il publia aussitôt et en premier « Comment comprendre votre horoscope ». C’est ainsi que Jean-Paul Bertrand inaugura sa collection et sa maison d’édition avec cet ouvrage culte de Germaine Holley en 1977, auquel succéda, début 1978, celui tout aussi fondamental de Dane Rudhyar. Les deux géants se croisaient par l’entremise d’une troisième, une femme, astrologue également et pas des moindre, Germaine Holley !

Germaine Holley resta en contact avec Dane Rudhyar jusqu’à la mort de celui-ci, en 1985. Il s’enquérait auprès d’elle de l’évolution de l’astrologie en France, de l’accueil de ses livres, de la qualité des traductions. Et ils échangeaient au niveau astrologique, notamment au sujet des transpersonnelles. Rudhyar ne partageait pas la vision de Charles Vouga et de Germaine Holley sur la dualité Pluton-Neptune (pôle moins et pôle plus) et comme doubles maîtres des Poissons, ni sur la dynamique en triplicité d’Uranus-Neptune et Pluton. S’il acquiesçait sur l’approche de Pluton, il rétorquait « mais vous mettez Neptune trop haut !». Le courant humaniste prête à Neptune une fonction de brouillage qui s’éloigne de la symbolique supra lumineuse et supra consciente développée par Charles Vouga et Germaine Holley. Il est bien vrai, cependant, que pour les consciences qui sont loin d’accéder à sa lumière, Neptune reste flou ! Pour Charles Vouga et Germaine Holley, ce n’est pas Neptune qui rend flou mais notre propre conscience qui, n’arrivant pas à se hisser à sa hauteur, n’appréhende pas toute l’intensité de son rayonnement et voit les choses « floues ».

La théorie de Vouga est plus mathématique, plus géométrique et pythagoricienne, que celle humaniste, philosophique et poétique de Rudhyar. Mais les deux ont révolutionné l’astrologie.

Germaine Holley resta proche toute sa vie de son éditeur, qui a accueilli avec un enthousiasme renouvelé tous ses ouvrages ultérieurs. Il était pour elle un frère d’âme ; ils se comprenaient parfaitement, peut-être parce qu’ils étaient nés un même jour, un 8 octobre, et avaient donc leur Soleil au même degré ?

Ma rencontre avec Germaine Holley en 1976 : le début d’une collaboration de 19 ans

Je rencontrai Germaine Holley à l’automne 1976, pour une consultation. Une amie m’avait donné son contact trois ans auparavant et, miraculeusement elle était chez elle rue du Ranelagh, lorsque je l’ai appelée. Très interpellée par ce hasard auquel elle ne croyait évidemment pas, elle m’a lancé à la fin de la consultation une de ces phrases qui détermine un destin : « Vous, vous pourriez faire de l’astrologie ». Dans les semaines qui suivirent je rejoignais ses cours chez Nadine de Liedkerke, dans le 16ème, à deux pas du pied-à-terre de Germaine Holley rue du Ranelagh. Puis je dévorai son livre « Comment comprendre votre horoscope » dès sa parution en 1977.

Dès lors nos chemins ne se sont plus quittés, même lorsque je suis retournée dans le Sud en 1981, je revenais périodiquement à Paris pour la rencontrer, ou bien j’allais faire des séjours auprès d’elle à l’Abbaye de Limon lorsqu’elle s’installa définitivement dans la sympathique maison de retraite tenue par les sœurs à la fin des années 80, ou encore nous allions mon mari et moi à Varengeville faire un séjour d’été auprès d’elle. C’est à Varengeville que nous avons tourné en 1986 le film témoignage sur sa vie et son œuvre : « A chacun son soleil ». J’ai recueilli le témoignage de sa vie dans l’ouvrage « Astrologie au-delà de la rencontre », puis nous avons travaillé tout un été à Varengeville en 1990 pour publier en 1991 : « Lecture astrologique des années 90, les grandes mutations mondiales, entre deux ères, Poissons-Verseau ». Par le travail elle m’a initié à la dynamique des cycles des planètes transpersonnelles et à l’astrologie mondiale pour laquelle je me suis passionnée car, comme elle, j’étais très intéressée à l’histoire et à la politique vue d’un point de vue historique et évolutif. Mon ouvrage publié en 2013, «La Destinée de la France, essai sur une astrologie des civilisations», est dans le prolongement de ces recherches.

Elle me fait rencontrer Jean-Paul Bertrand qui me propose de diriger la collection astrologie des éditions du Rocher à partir de 1994.

Dans les derniers mois de sa vie je lui téléphonais tous les jours. Je l’ai vue pour la dernière fois fin décembre 1994. Elle est décédée le 7 février 1995, à l’Abbaye de Limon et repose dans le petit cimetière de Vauhallan, tout près de l’abbaye. A ses funérailles, outre sa famille, nous n’étions pas nombreux : Jean-Paul Bertrand et son épouse, Sophie Klein une grande amie de Germaine qui est restée proche d’elle toute sa fin de vie et son époux, Théo Klein ; enfin mon époux Hubert et moi-même. Théo Klein, en avocat avisé, avait fort à propos aidé Germaine à préparer la suite : elle me désignait exécuteur testamentaire et en charge de faire respecter son droit moral (droit au respect de l’œuvre, de paternité et de divulgation, sur ses œuvres personnelles et sur l’œuvre commune avec Charles Vouga) et à cet effet elle me léguait toutes les cassettes et les notes de Charles Vouga et d’elle-même.

A son départ j’avais 50 ans, comme elle lorsqu’elle avait rencontré Charles Vouga et j’ai été, comme par hasard, démise de lourdes responsabilités dans l’éducation, la formation et les nouvelles technologies. Je bifurquai alors résolument vers l’astrologie pour créer sur Internet une université ouverte et à distance en astrologie : Univers-site.

En 2000 je publie « l’Univers de l’Homme » aux éditions du Rocher qui sera suivi par trois autres ouvrages dans les 5 ans. Je me suis employée à diffuser à ma manière, en actualisant les apports de Charles Vouga et Germaine Holley en fonction des sciences humaines du moment (auxquelles je me suis formée en parallèle à l’Université de Paris 8 Vincennes), et je posai les bases d’une structure astrologique en triplicité. Grâce à des réflexions malveillantes qui m’accusaient de ne pas citer mes véritables sources, je découvre que je faisais du Bailey cad de l’astrologie ésotérique sans le savoir. Mon inspiration m’avait guidée et j’étais retournée aux sources que Vouga était parti rejoindre 70 ans auparavant en partant aux USA. Grace à Jean-Paul Bertrand, je connecte alors un groupe de travail sur l’enseignement de Bailey et je m’emploie depuis à remonter toujours plus près des sources communes de la Loi que l’astrologie est censée traduire.

Depuis 2018, c’est dans le pur esprit du Verseau, qu’un groupe poursuit l’œuvre entreprise par les pionniers.

« L’homme est un système solaire »

Conférence de Charles Vouga parue dans « Astrologie pour l’ère du Verseau »

« Une des plus grandes redécouvertes scientifiques du XXe siècle est que l’homme lui-même est un système solaire.

C’est un fait incontestable : nous sommes, chacun de nous est, un système solaire complet.

On a dit à satiété que le système solaire est un grand atome et que l’atome est un système solaire infinitésimal, c’est vrai, au moins partiellement, car notre connaissance de l’atome est encore incomplète.

Nous sommes aux balbutiements de la science de l’atome, et peut-être sommes-nous aussi encore, du point de vue de l’astronomie et de l’astrophysique, dans les balbutiements de la connaissance du système solaire lui-même. Mais il est certain que l’homme est fait d’atomes et que, par conséquent, il est régi par des lois touchant la science de l’atome, que nous cherchons à définir ; il est non moins certain, tout spéculatif que se présente encore ce domaine, que l’homme est un système solaire.

Ce qui est essentiel et ce que l’entendement humain peut saisir déjà définitivement c’est que le système solaire n’est pas simplement un monde qui dépasse de beaucoup notre terre, mais qu’il concerne d’une façon absolument vitale, dynamique, immédiate, angoissante, brûlante, la réalité même de chacun de nous : Nous sommes ce système solaire, nous sommes une réplique, une analogie totale de ce système solaire. Nous sommes des systèmes solaires. Et quand je vois la somme d’encre qui est versée pour chercher à expliquer le mystère de l’homme, la structure de l’homme, le fonctionnement de l’homme, toutes les psychologies et autres sciences de l’homme, toutes les différentes façons d’aborder la réalité humaine dans sa diversité immense, indéchiffrable parfois, quand je vois ces tâtonnements et que je vois les contradictions des écoles de psychologie par exemple, je me dis : « Mais, mon Dieu, pourquoi chercher midi à quatorze heures ! La vérité est bien plus simple ; elle est formidable, mais plus simple que cela : L’homme est un système solaire ! »

Et quand nos savants, quand nos psychologues et nos philosophes voudront se donner la peine de le réaliser, de s’assurer d’abord de cette affirmation, d’aller voir si elle est vraie, et lorsqu’ils voudront se donner la peine d’explorer ce que disent les astrologues, un pas sera fait. De quelque école qu’ils soient ces astrologues, et quels que soient par ailleurs les désaccords existant entre eux, une chose leur est commune, et demeure essentielle, c’est que l’homme est un système solaire.

Quant à l’interprétation des éléments de ce système solaire, des rapports de ces éléments entre eux, des périodes, des cycles et des effets de ces cycles, les astrologues varient, oui, c’est entendu ; ils sont humains et ils cherchent, mais ils ont au moins cette vertu suprême, au milieu de ce XXe siècle, qu’ils savent eux, que l’homme est un système solaire. Ils en sont eux-mêmes tout étonnés. Et c’est une énorme gymnastique, une énorme discipline de l’entendement de l’astrologue qui est humain, formé aux écoles du XIXe siècle, de persister dans le tiraillement général de notre époque, à fouiller cette vérité fondamentale que l’homme est un système solaire, et d’en déterminer les conséquences pratiques et utiles.

Il ne s’agit pas, à mon avis, de défendre l’astrologie. Si elle est vraie, que les autres écoles se défendent contre elle et elles seront toutes définitivement acculées à une reddition.

Que les savants se rendent compte par eux-mêmes et un peu vite, qu’ils n’attendent pas encore un demi-siècle pour le faire.

La conscience collective de l’humanité l’a pressenti avant la science dite officielle, et il en est toujours ainsi. La science officielle cristallise, coordonne les grands courants qui montent de l’âme collective de l’humanité, et lorsque celle-ci parle assez fort, il faut bien que les universités, qui sont supposées être des foyers de contrôle autant que de lumière, s’occupent de ce qui constitue les préoccupations majeures de la masse humaine. Rien au monde n’est plus facile à démontrer que le fait que l’homme est un système solaire.

Quant à l’expliquer, c’est une autre affaire, c’est même la chose la plus difficile, et nous passons notre vie, nous autres astrologues, à nous en donner à nous-mêmes des explications suffisamment adéquates. Mais quant à démontrer ce fait – oui ou non, est-ce ainsi ? – cela se fait en dix minutes.

On n’a qu’à prendre le système solaire d’un individu quelconque pour son jour de naissance sans même en savoir l’heure, on a les positions à peu prés exactes de toutes les planètes sauf celle de La lune ; et on n’a qu’à calculer à l’œil une ou deux progressions, un ou deux des grands transits, et l’on saura d’emblée si l’individu a eu par exemple la progression de son soleil sur son Pluton, ou bien sur son Jupiter, et l’on saura tout de suite lui dire : « Telle année, vous avez eu la plus grande casse de votre vie, ou bien, si c’est le Jupiter, les plus grands honneurs. » Et il vous dira : C’est vrai.

Voilà la première des preuves que nous sommes un système solaire et c’est sans réplique. C’est tellement simple, mais, plutôt que d’y aller tout droit. L’homme préfère chercher les choses à travers les voies les plus tortueuses.

Si je devais présenter l’astrologie dans un monde totalement étranger à l’astrologie, soit un monde religieux ou universitaire, habitué à penser, je commencerais par dire : « Messieurs, donnez-vous d’abord la peine d’y aller voir, et ensuite nous en parlerons, tout le reste n’est que des mots ! »

L’essentiel donc, je le répète, est que l’homme est un système solaire. Par conséquent, il faudra connaître un peu l’astronomie et ce qu’est le système solaire avec tout ce que cela comporte, et qui est une merveille. Un soleil – un centre -, et des planètes – ses satellites – qui correspondent à ce qu’on appelle les attributs de l’être. D’une part, le soleil et ses satellites, et d’autre part, en parfaite correspondance, l’être et ses attributs. Le jeu de ces attributs, leurs combinaisons, leurs cyclicités, leur temps, tout ceci correspond au temps du système solaire lui-même, du soleil et de ses satellites.

Et cela m’amène à la seconde proposition, encore plus extraordinaire que la première.

S’il y a bien des gens qui sont tout naturellement enclins à accepter l’idée que l’homme est une réplique du système solaire, qu’il est analogiquement identique c’est là une idée encore purement statique et insuffisante. L’extraordinaire, c’est que l’astrologie découvre tous les jours davantage les correspondances dans le temps, autrement dit les rapports entre l’horloge du système solaire et l’horloge du système humain.

Car s’il y a système solaire, il y a mouvement, mouvement cyclique des attributs du soleil, c’est-à-dire de ses planètes, et il y a même un mouvement propre au soleil.

Dans l’homme, nous devons donc retrouver exactement ces mêmes mouvements, et proportionnellement les mêmes temps pour les mêmes mouvements. Or, c’est ce que nous trouvons en effet, et c’est ce qui est le plus prodigieux de tout, cette synchronicité des temps entre le temps objectif du système solaire lui-même, dans son jeu centré sur le soleil, et le temps humain, ce temps qui nous est donné dans un système solaire centré sur la terre, ce système solaire géocentrique et son temps qui est le temps de l’homme. Des temps différents qui s’imbriquent les uns dans les autres avec une perfection effarante.

Cette synchronicité entre le mouvement d’un satellite du soleil et le mouvement d’un satellite du soleil de l’homme, c’est là une découverte essentielle pour nous et pour notre génération. Et plonger dans l’intériorité du thème d’un système solaire humain, en sentir graduellement le battement, la pulsation, en sentir le temps et le jeu des temps à l’intérieur de nous même, est l’étude la plus inspirante, la plus émouvante, je dirais même la plus religieuse qui soit au monde. Il n’y en a pas qui puisse être plus émouvante que celle-là.

On se demande, et c’est bien l’un des plus grands aspects de la recherche astrologique, comment cette synchronicité peut vraiment fonctionner. Comment se fait-il qu’un système solaire humain – pour ne pas parler du système solaire de la terre même – se synchronise d’une façon si extraordinaire avec celui du soleil ?

On croirait, à première vue, que ce sont des choses peut-être analogues, mais essentiellement différentes. Mais non, la solidarité dans le temps s’impose à nous avec bien plus d’évidence encore que la solidarité de notre système dans l’espace. D’ailleurs, nos espaces planétaires ne sont pas autre chose que des fonctions de leurs cycles.

L’espace est en fonction du temps, et l’astrologie est une science du temps, entre autres choses.

Or, découvrir précisément, pressentir d’abord et enfin serrer de plus en plus prés le mécanisme de l’horloge généralisée et particulière, comprendre qu’une certaine roue dentée représenterait le système solaire avec tous ses systèmes intérieurs de planètes allant à leur vitesse, et que cette roue dentée se rapporte à une roue dentée plus petite qui fait trois cent soixante tours pendant que la grande n’en fait qu’un, cette démultiplication du temps qui évidemment va plus loin encore : voilà l’un des domaines les plus sacrés et l’un des plus ardus de la recherche astrologique. C’est d’ailleurs sur lui que repose toute la théorie des directions ou progressions qui nous permet de suivre le développement d’un thème dans le temps. Le tout est question d’interprétation des temps.

La première fois que j’ai découvert que l’homme est un système solaire, et à plusieurs reprises encore plus tard, j’ai protesté violemment, et me suis révolté. Non seulement mon incrédulité se dressait devant l’immensité de la proposition – c’était trop fantastique, cela devait être une utopie – mais aussi mon imagination ignorante se refusait d’admettre que, si j’étais un système solaire, j’étais donc autre chose que je n’avais jusqu’alors imaginé. Il paraît que quelquefois j’aimais me croire supérieur au système solaire.

L’homme est tellement anthropocentrique qu’il se croit encore le centre du monde, et croit que s’il a péché, c’est le monde tout entier qui va en subir les conséquences, et que, s’il est purifié ou sauve, le monde entier et les étoiles par surcroît, jusqu’aux plus lointaines, vont en avoir le bénéfice.

Non, le Dieu de l’univers a organisé cela sur une autre échelle que celle que nous imaginons. Quand nous aurons compris que nous ne sommes que les membres, certes très précieux, d’une seule étoile, notre soleil, parmi toutes les étoiles, et d’une seule des planètes de notre système, nous nous prosternerons devant la réalisation de cette solidarité universelle, de cette cohésion et de cette simultanéité, et devant la spontanéité avec laquelle l’énergie divine, l’énergie de l’Esprit Ineffable qui dépasse notre entendement, se distribue dans tout ceci, et nous retrouverons notre mystique et notre religion.

Je répète : la plus grande découverte scientifique de ce siècle ce ne sera pas tellement l’atome, ni telle ou telle chose dans une autre science, ce sera le fait que l’homme est un système solaire. Nous avons tant appris, depuis cent ans, sur le monde extérieur, et nous avons si peu appris sur l’homme.

Le connaisseur des choses ne se connaît pas lui-même. Tant qu’il ne se connaîtra pas lui-même d’une façon en tout cas égale à la connaissance qu’il a du monde extérieur, il y aura un déséquilibre dans l’homme. Ce déséquilibre radical, c’est bien le facteur intellectuel qui domine notre milieu du XXe siècle.

L’homme a perdu les pédales, parce qu’il n’a plus le sens qu’il est lui-même le maître de sa bicyclette. Mais s’il y a une science qui a la mission de lui rendre ses pédales, c’est l’astrologie. Et une astrologie qui ne rend pas à l’homme la maîtrise qu’il doit avoir manque à sa fonction la plus noble.

Cela exige une discipline sévère, et si l’homme ne peut pas se discipliner assez pour se connaître intérieurement comme il connaît le monde extérieur, nous marchons à un désarroi total de l’intellect humain.

C’est la crise fondamentale de la seconde moitié de notre siècle, c’est un grand tournant, mais l’homme vaincra, l’homme ressaisira les rênes pour rentrer en profondeur de lui-même, grâce à l’astrologie telle que je l’entends, qui est capable de lui donner accès d’un monde intérieur aussi précis et aussi systématique que le monde extérieur qu’il observe et qu’il connaît déjà si bien. L’astrologie nous donne un accès scientifique et objectif à notre propre intériorité. L’astrologie, c’est la science même de la croix sans laquelle il n’y a pas de salut.

Pour tout astrologue, l’astrologie est une discipline extrêmement sévère, de la plus haute exigence morale et spirituelle. Nous ne verrons pas la « Grande Astrologie », notre génération ne la verra pas vraiment à l’œuvre, mais chacun de nous peut déjà travailler pour son avènement avec le meilleur de nous-mêmes.

Car l’astrologie est aussi une mission.

A quoi sert l’astrologie ? Une fois que nous savons tout ce que je viens de dire si sommairement, à quoi peut-elle servir ? Je crois qu’elle sert surtout à une chose, mais cette chose est centrale.

D’abord, évidemment, elle sert dans le sens que je viens d’indiquer : Elle nous ouvre de nouveau les portes du temple intérieur qui étaient apparemment non seulement scellées, mais inexistantes pour beaucoup. Les gens vivent sur le parvis de leur âme, écrasés, anéantis par le bruit de la rue, et quand ils veulent rentrer au fond d’eux-mêmes, il n’y a pas d’accès. Pour avoir accès à l’intérieur de soi, elle a déjà une utilité de premier ordre, mais il y a plus que cela.

L’argument que l’on présente contre l’astrologie – notez bien que ce n’est pas un argument contre elle, puisque c’est déjà une façon de reconnaître sa validité – consiste à dire : Mais c’est un fatalisme alors, et contre cette fatalité qui se présente d’une façon aussi éloquente, que pouvons-nous faire ?

Marionnettes que nous sommes alors ! Est-ce que cela ne nous coupe pas toute initiative quand notre sort parait assez désastreux, et par conséquent toute espérance ?

C’est l’argument courant, mais il ne servirait à rien de connaître l’astrologie, pour connaître uniquement les murs de notre cage, et l’ordonnance de notre cage, si douce quelle puisse être. Je sais par expérience personnelle, moi qui suis humain comme chacun, qui ai mes croix comme chacun, je sais que ce gui est écrit est écrit, oui, parce qu’il y a un ordre, il y a une ordonnance, et que cette vie est la suite de quelque chose et le prélude d’autre chose ; cela me donne une perspective sur ma vie présente qui devient comme le mouvement d’une symphonie, un adagio peut être ou un scherzo que le compositeur de cette symphonie m’a donné en partition, je n’en connais pas les premières parties ni celles qui vont suivre, avec une finale quelque part ; mais de savoir cela, c’est déjà quelque chose.

Or, si c’est écrit, et certaines choses sont effectivement écrites, il n’est pas écrit – cela justement n’est pas écrit – quelle est la somme de compréhension, la somme de pénétration dont votre intelligence, dont votre connaissance est capable par rapport au domaine qui vous enserre et vous assujettit. L’homme échappe à la nécessité, il échappe à ce qui est écrit seulement pour une partie de son être ; dans le thème astrologique, quelque chose est écrit définitivement pour une partie de notre être, mais non pas pour sa totalité. Car notre être ne s’insérait pas en totalité sur le plan horizontal de la réalité ; la totalité de notre être embrasse également le plan vertical de la réalité.

Et d’année en année, nous passons d’un plan horizontal à un autre, mais la verticale reste toujours le mystère intérieur des âmes.

Dans cette verticalité de la croix, dans cette montée intérieure se trouve le degré de libération de l’horizontale ; l’horizontale c’est la fatalité, et la verticale, c’est la résurrection.

Quand je le sais, et que je me vois obéissant, forcé d’obéir aux tenailles de mon thème, à certaines heures de certains cycles de mon système solaire, quand je me vois pris, si je fais l’effort d’en chercher les raisons, de me représenter le jeu complet de la tenaille et son sens profond, au moment où j’ai compris de quoi elle est faite, et que je le comprends sidéralement, objectivement, je me sens tout à coup libéré de la morsure de la tenaille, je n’ai plus le venin de ma situation et mon imagination est assainie – car enfin, notre imagination ou bien nous donne des leurres, ou bien nous exagère les choses.

Or, la résurrection ne peut pas êtres autre chose que le droit de s’élever au-dessus de sa tombe, d’en sortir par le haut, et ceci non pas par toutes sortes d’artifices et de subterfuges, mais par la connaissance objective des lois profondes, de ces lois qui nous imposent non seulement des souffrances et la mort, mais qui nous permettent aussi de vivre, de jouir et de devenir, en vue d’un accroissement sans retour.

Plus je regarde les thèmes humains, plus je les regarde sous l’angle de la solidité de l’intelligence de l’individu.

Cette intelligence tiendra-t-elle dans toutes les circonstances ? Aura-t-elle une continuité, aura-t-elle une systématique ? Est-ce que la mémoire va coller ? Est ce que le rapport entre hier et demain, entre avant-hier et après-demain va se maintenir de façon souple et solide dans l’individu ? Va-t-il garder la tête à travers la vie, ou dans quelle mesure perdra-t-il sa tête au cours de sa vie ? Pour moi, c’est là l’essentiel, car vous pouvez avoir un gros ventre, une grosse bourse, mais la tête c’est tout. C’est qu’il s’agit de comprendre. Comprendre les raisons profondes de notre drame intérieur : Pourquoi ne pouvez-vous jamais être heureux dans votre famille ? Pourquoi ne pouvez-vous jamais réussir d’une façon matérielle ? Pourquoi y a-t-il, en tel endroit, toujours une embûche terrible ? Pourquoi ce monde-là semble-t-il toujours vous fuir et vous amener des crève-coeur ? Pourquoi le succès vous est-il toujours interdit, quoi que vous fassiez, et quoi que fassent vos amis ?

Découvrir les raisons de tous ces pourquoi, ce n’est pas s’en débarrasser, mais c’est se débarrasser de la malédiction qu’on s’impose à soi-même. C’est prendre un recul, on n’est plus sur la scène, on n’est plus engagé !

Plus vous connaîtrez l’astrologie, plus vous serez conscients, plus vous serez objectifs, plus vous vous trouverez en accord intime avec la réalité, et plus vous saurez vous dépasser.

Se dépasser, arriver finalement à se voir acteur – car du moment où vous pouvez vous voir acteur, vous comprenez bien que vous n’êtes plus engagé entièrement ment, vous ne restez engagé que sur le bras horizontal, mais pas vertical de votre thème, de votre être.

Oh, nous devons vivre à fond nos engagements, et d’ailleurs personne n’y échappe, notre thème n’admet pas de subterfuges, ou alors, la note sera présentée plus tard, et il faudra la payer cher. L’astrologie est une affaire bien trop sérieuse pour permettre de tricher avec le destin ! Mais l’astrologie nous aide à désengager une partie de notre être, cette partie de notre être qui était cachée et comme morte dans la prison, morte dans le tombeau de nos expériences. Car nos expériences sont des prisons et souvent des tombeaux qui tiennent enfermé ce qui est justement appelé à vivre, à se libérer.

On n’est plus sous sa croix, mais on est au-dessus de sa croix.

La croix reste, mais on est au-dessus !

Voilà la libération qu’apporte l’astrologie.

Voilà pourquoi elle mérite toute notre attention et notre dévotion.« 

Facebook
Twitter
LinkedIn
Image de Fanchon Pradalier-Roy
Fanchon Pradalier-Roy

Le 12/01/2018