La Destinée de la France et son rôle dans le concert des nations

Cet article a été écrit pour la revue Le Son Bleu N°29 de mai 2016, sur le thème : Le jeu des nations. La revue est une parution biannuelle de l’Institut de recherche sur le devenir de la terre, L’Institut Alcor.

Résumé

La France a un rôle majeur d’éclaireur : à la Révolution, elle a sécularisé les valeurs d’amour et de fraternité du christianisme en formulant la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et le triptyque : Liberté, Egalité, Fraternité, qui résument les principes du Verseau. La Déclaration Universelle des droits de l’Homme, DUDH, promulguée par l’ONU en 1948, en est le prolongement universel . Il lui reste à incarner pleinement ces valeurs.

Le contexte historique et cyclique : de l’ère des Poissons a l’ère du Verseau

Nous vivons la période extrêmement mouvementée du passage entre deux ères, des Poissons au Verseau qui, selon la Tradition, est l’Âge d’Or de l’Humanité, de paix et de fraternité entre les hommes, et même entre les hommes et les dieux !
Chaque ère est marquée par un paradigme issu de la symbolique du signe et du Rayon dominant. Le but de l’ère des Poissons, dont l’évènement-source a été la venue du Christ, était que chaque individu acquière une conscience individuelle, s’assume comme un sujet libre et responsable, avec une personnalité construite et solide, et un développement mental à son apogée. L’inconvénient en est : le choc des personnalités, la séparativité entre les individus, la difficulté à s’ouvrir à une conscience collective commune, en bref : la crise d’ouverture à la conscience de l’âme ! Au niveau des nations, il s’agit de passer de la nation solide et protectrice, à la nation matrice pour créer du nouveau à partir du « commun ». Les crises des nationalismes sont à mettre dans cette perspective évolutive du changement d’ère.

Si l’ère des Poissons marque l’apogée de la personnalité et était « celle du matérialisme, de l’autorité, de la possession »*, l’ère du Verseau est « celle de la spiritualité, de l’intuition, de la conscience universelle » et symbolise l’entrée dans le règne de l’âme, le cinquième règne**. Le projet de cette ère est d’accomplir le onzième commandement apporté par le Christ : « Aimez-vous les uns les autres»***. Si sa venue a initié l’ère des Poissons, il a donné par ce commandement la direction de celle du Verseau ; et sans doute de la suivante, du Capricorne, avec celui-ci « Père, que Ta Volonté soit faites ». Mais nous n’en sommes pas là !

C’est dans ce contexte du changement d’ère qu’il est intéressant d’étudier le rôle de chaque nation ou regroupement dans le « concert des nations ».

* « Les Travaux d’Hercule », Alice A. Bailey, Lucis Trust : Onzième travail (Verseau), page 170.

** Ibid., page 166. *** Ibid., page 171.

La situation géographique singulière de la France

Elle la destine à un rôle historique majeur : à l’extrême ouest de la péninsule européenne, elle accueille tel un entonnoir les migrations venues de l’est chercher la douceur du climat atlantique, et, par la Méditerranée au sud, elle touche aux riches civilisations qui ont fleuri durant les derniers millénaires. Elle joue un rôle naturel de brassage des populations, avec une sorte de redistribution en croix : Est-Ouest, Nord-Sud. Sa forme hexagonale parachève symboliquement un rôle de synthèse parfaite entre l’Esprit et la Matière (l’étoile à 6 branches).

L’âme Poissons de la France, le christianisme et des rois d’élection divine

Dans les pas de l’Empire romain, les premiers chrétiens sont venus fertiliser le riche substrat des peuples celtes qui composaient la France des premiers siècles. C’est par des femmes, proches de Jésus, que le christianisme originel a pénétré, en témoigne l’arrivée légendaire aux Saintes-Maries-de-la-Mer des trois Marie, dont Marie-Madeleine. L’âme Poissons* de la France reçoit avec évidence la doctrine chrétienne qui en cinq siècles conquiert tout le pays (et le continent), tandis que sa personnalité Lion se construit de l’apport incomparable de la très masculine culture législative et politique romaine.

A la Noël 499 (ou 500 selon les historiens) tout est prêt pour célébrer, avec le baptême de Clovis, roi des Francs, la naissance symbolique du Royaume de France. Dès lors, la France s’étoffera sous la gouvernance de lignées successives de rois d’élection divine, sacrés à Reims, durant près de treize siècles, jusqu’à la mort de Louis XVI en 1793.

Avec Charlemagne la France imprime durablement sa vocation chrétienne et européenne**. Bien que bref, son règne initie tout un modèle d’organisation centralisé, dont l’école fait partie (correspondance avec sa personnalité Lion), en puisant dans une véritable renaissance des idées qui atteindra son apogée sept siècles plus tard à la Renaissance.

C’est une très jeune femme de 17 ans, n’écoutant que son courage et les voix qui la guident, qui s’élance pour « bouter les Anglais hors de France », exhortant pour la première fois le sentiment national français chez un peuple pris en otage par les intérêts des grands féodaux des deux camps de l’interminable Guerre de Cent ans. Avec un sens aigu du symbole, elle relève la monarchie moribonde en faisant sacrer le dauphin à Reims, au cœur de lignes ennemies. Jeanne d’Arc est la figure nationale, et même internationalement reconnue, du Sauveur, reflet de l’âme Poissons de la France qui s’était réveillée, face à l’âme Gémeaux des Anglais, alors plus encline à se servir qu’à servir.

Jusqu’à la Révolution, la nation française est identifiée à son roi, guidé et éclairé par Dieu, mais le siècle des Lumières a compté parmi ses meilleurs esprits des savants et philosophes français qui ont éclairé l’Europe et ses souverains bien mieux qu’un simple roi, fut-il Soleil, ne puisse la faire. La fiction d’un roi omniscient et tout-puissant était ébranlée par l’avènement de la Raison. La France, ses rois et ses nobles s’étaient égarés dans l’identification à une personnalité Lion, clinquante, égoïste, arrogante et dominatrice.

* Alice A. Bailey, « La Destinée des Nations », la France, p. 73.

** Fernand Braudel, « L’identité de la France », vol. 2, Les hommes et les choses, p. 115 : « les deux termes étant alors identiques, comme deux figures géométriques qui, exactement, se recouvrent ».

La nation française est née a la Révolution : entre 1789 et 1792

Si bien que la convocation par Louis XVI des Etats-Généraux en mai 1789 libéra la parole et les idées foisonnantes de 1200 êtres nourris aux Lumières, et aux doléances de ceux qui étaient en train de devenir un peuple. Dans le chaudron d’un pavillon, près de la Cour à Versailles, ils convoquèrent tant et si bien les énergies (les invoquant et les évoquant) qu’ils enflammèrent le peuple et s’enflammèrent : en trois mois ils s’instituèrent en Assemblée nationale puis constituante, le peuple prit la Bastille symbole de la tyrannie, les nobles eux-mêmes renoncèrent à leurs privilèges (la nuit du 4 août), la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen fut achevée le 26 août, en préambule à la Constitution. Elle détruit tous les fondements de la royauté de droit divin, et fonde un nouvel ordre républicain où le peuple est souverain.

Nul n’a pensé alors se débarrasser du roi, et ce n’est que sa maladresse et la pression guerrière de toutes les couronnes européennes qui ont eu raison de la monarchie et de sa personne qu’on finit par décapiter. Symbole du sacrifice de toutes les têtes de la personnalité dans le Scorpion*. L’âme Poissons de la France a su parler à travers ses dernières paroles de pardon à ceux qui le condamnèrent, même si le sacrifice de la personne (Lion) n’a pu être évité. C’était le prix à payer pour que la conscience collective française ne se focalise plus sur une personnalité fut-elle un monarque, mais sur une âme collective, instituée en République, avec encore une figure féminine nommée comme par hasard Marianne, «Marie-Anne », filiation très chrétienne !

Mais la Révolution est en péril, encerclée par les monarchies européennes. Le 20 septembre à Valmy, la jeune armée française de conscription stoppe l’avance des Prussiens vers Paris : les soldats menés par Kellermann montent à l’assaut aux cris passionnés de « Vice la Nation ! » et intimident par leur clameur vibrante un adversaire sans conviction qui sonne la retraite.

Fondée le 20 septembre 1792 par la victoire de Valmy, la Première République est décrétée à Paris par la Convention, le 21 septembre, et prend effet le jour de l’équinoxe, à l’heure du degré exact, le 22 septembre, qui ouvre donc l’an I de la République. Les savants révolutionnaires s’étaient affranchis des dogmes des Eglises en créant un calendrier qui collait aux réalités astronomiques et astrologiques**.

Le souffle épique de la Révolution porté par des hommes hors normes gagne toute l’Europe. « La Révolution fut grande aussi par ses homme, leur insufflant a tous son impétuosité, sa passion, son exigence acharnée qu’elle imposait au monde, son élan colossal. Comme instrument elle utilisa surtout quatre d’entre eux, Mirabeau, Danton, Robespierre et Napoléon. Mirabeau fut l’initiateur, Danton l’inspirateur, Robespierre l’exécuteur, Napoléon le réalisateur.»***

* Alice A. Bailey, « Les travaux d’Hercule », le huitième Travail dans le Scorpion, La Destruction de l’hydre de Lerne, p. 127. « La Destinée de la France », Epilogue, Les Lumières du Chemin, page 653 livre papier.

** L’année démarrait à l’équinoxe d’automne et les mois correspondaient exactement aux 12 signes du zodiaque et à leurs décans.

*** « Sri Aurobindo et l’avenir de la Révolution française », Buchet Chastel, 1996.

La Révolution française, point de départ de la démocratie européenne et de l’universalisme

La Révolution française, dont les idées ont été rassemblées, ordonnées, mises en œuvre puis semées en Europe par Napoléon, est devenue le point de départ de la démocratie européenne, et a coloré tout l’esprit européen jusqu’en Russie où elle inspira la Révolution de 1917. Avec leur âme Verseau et leur Rayon 7, les Russes ont parfaitement compris l’esprit de la Révolution mais se sont laissé emporter par l’orgueil de leur personnalité Lion* en forçant la mise en œuvre du socialisme.
Car de telles idées universalistes ne peuvent s’incarner rapidement ni à marche forcée. La France n’instaura un véritable fonctionnement républicain qu’avec la Troisième République en 1870, et il fallut les deux Guerres mondiales pour ébranler définitivement les empires européens puis leurs avatars totalitaires et stabiliser un ordre démocratique, qui ne gagna tout le continent qu’après la chute du mur de Berlin en 1989, soit deux siècles après la Révolution !

* Alice A. Bailey, « La Destinée des Nations », tableau page 66.

Les deux France

Deux France qui semblent irréductibles ne cessent de se faire face : Républicains et Royalistes, Dreyfusards et antidreyfusards, laïques et cléricaux, Résistants et collaborateurs, Gauche et Droite, pro et anti-européens, etc. Ces clivages sont la particularité d’une nation à l’âme Poissons, idéaliste et forcément duelle, qui s’enrichit des polarités dynamiques. La France n’est pas une nation de consensus ou d’harmonie, mais de « dissensus » et d’antagonismes créateurs. Les avancées se font par sauts rapides et parfois brutaux, grâce à l’intervention de quelques êtres providentiels (des Sauveurs). S’ensuivent des périodes de stagnations qui semblent interminables, où le pays sombre dans une déréliction et une véritable dépression collective. Les côtés sombres sont lourds et opaques et entraînent l’âme de la France vers le fond, alors que des êtres lumineux, fulgurants comme des éclairs, avec un courage et un panache très Lion, mais avec le profond désintéressement sacrificiel (Poissons) des âmes élevées, « sauvent la France » et son âme de la mort et du déshonneur, à l’instar de Victor Hugo défiant depuis Guernesey la dictature du Second Empire.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, la France a sauvé son âme grâce à l’audace convergente d’un général alors inconnu, De Gaulle, qui osa instituer une France Libre, avec comme symbole la croix de Lorraine (deux branches, symbolisant la focalisation de la conscience au niveau du cœur), et de plus de deux cent milles hommes et femmes Résistants. Alors que l’Europe entière était à feu et à sang, que les Russes perdaient près de 20 millions des leurs, que les Alliés ont débarqué sur nos côtes la plus formidable armée de tous les temps, la France s’est sauvée du déshonneur de la Collaboration grâce à ces milliers de Résistants et a pu reprendre les rênes de son propre pays après la libération grâce au travail instituant et socialement novateur du Conseil National de la Résistance.

Libéralisme économique et esprit de Résistance

Sans cela, le bras de fer entamé au XIXe siècle entre le libéralisme économique prôné par les Anglo-saxons et le libéralisme politique et social défendu par la France, aurait pu trouver son acte final avec une administration de la France sous tutelle américaine. En terminant avec les honneurs cette guerre, la France a bénéficié de droits sociaux d’avant-garde, et légué à l’ONU dont elle est membre fondateur, son plus beau joyau : les Droits de l’Homme. Stéphane Hessel, nous a rappelé récemment avec brio cet héritage dans l’opuscule « Indignez-vous ! ». Depuis, l’esprit d’indignation et de résistance essaime sur la planète, de proche en proche.

L’Europe : véritable projet d’union ?

La France joue un rôle majeur dans la construction européenne, dont Schuman est l’initiateur, et Jean Monnet le fervent défenseur. Mais deux conceptions s’opposent entre un projet éminemment politique et une vision purement économique. Monnet, ce « petit financier à la solde des Américains », comme dira de Gaulle ! De Gaulle justement essaie de soustraire l’Europe à l’influence américaine, en sortant de l’OTAN, en se méfiant des Britanniques (« sous-marin » des Américains), et en créant un axe franco-allemand qui tient jusqu’à ce jour, enfin en considérant les Soviétiques (Russes) comme des interlocuteurs. Si la puissance économique majeure de l’Europe est l’Allemagne, la puissance politique d’importance est la France qui ne se montre pas toujours à la hauteur de ce rôle.
L’Union européenne est née en 1993 avec le traité de Maastricht, portée par une conjonction Uranus-Neptune dont le cycle est de 172 ans, c’est dire si elle mettra du temps à se construire ! Après le Royaume-Uni et les Etats-Unis d’Amérique, c’est le premier projet d’union de plusieurs états, mais il n’en est qu’au premier palier économique, si l’on considère le triangle évolutif suivant : économique (aspect Mère), social et humain (aspect Fils), et politique (aspect Père). La construction européenne stagne pour l’instant au niveau matériel et économique, sans autre vision que celle des pères fondateurs.

Le karma collectif de la colonisation

L’Europe porte plus que tout autre continent le karma de la colonisation. Après s’être affranchie de l’esclavage en deux étapes, une première fois à la Révolution en février 1794, puis une deuxième en avril 1848, en compétition avec d’autres puissances continentales comme la Grande-Bretagne, la France a entrepris la colonisation de territoires et de populations au Maghreb, en Afrique et en Asie. Les empires coloniaux n’ont pas résisté au formidable élan de liberté et d’égalité des droits, suscité par la Libération de l’Europe, et l’affirmation par la charte de l’ONU des droits de l’Homme comme « un idéal commune à atteindre ». La décolonisation s’est faite avec plus ou moins de convulsions ou de douleurs, mais les occupations et les guerres ont laissé de profonds traumatismes qui se transmettent de génération en génération, jusqu’à nos jours.
Le terrorisme qui touche en ce moment l’Occident et vise particulièrement la France est la face sombre de ce que nous n’avons pas encore éclairé et intégré, et tente de nous rappeler à notre mission. Il est le produit d’une jeunesse abandonnée par la République, sur les bas-côtés de la marche forcée du néolibéralisme occidental qui s’est emballé après la chute du bloc communiste. Les valeurs humaines ont été oubliées, de même que la direction !

Le dessein de la France

En légataire des droits et devoirs qu’elle a fondés, la France n’a pas fini son rôle d’éclaireur :

« […]une grande révélation psychologique, ou révélation de l’âme, émanant de la France, apportera l’illumination dans le domaine mondial de la pensée. Si la véritable influence des Poissons peut prendre le dessus et remplacer l’égoïsme de la nation française et sa préoccupation d’autoprotection, alors la France sera libre et à même de conduire le monde spirituellement, comme elle le fit par le passé, mais plutôt du point de vue politique et culturel. Mais cela à condition que le rayon de sa personnalité soit subordonné au rayon de son âme et que le Lion réponde à l’influence du Verseau, dans l’âge qui vient, au cours duquel ce Signe dominera ».*

Il lui appartient de :

• Construire l’Europe des nations et des peuples en montrant l’exemple jusqu’à « sacrifier » sa souveraineté nationale au service d’une véritable souveraineté européenne : le Poisson se sacrifie pour le Verseau.

• Coopérer avec les Russes (nation de rayon 7, majeure pour l’incarnation du Verseau), pour co-construire la « maison commune européenne», en ménageant les espaces de transition (comme l’Ukraine) ,

• Participer activement à l’apaisement des conflits dans toutes ses anciennes zones d’influence,

• Appliquer et faire appliquer les différentes chartes fondatrices sans discrimination : accueil des réfugiés, droit d’asile, personnes sans abris, Roms, sans-papiers, etc.

• Protéger les populations vulnérables, palier aux inégalités, développer l’écologie et l’économie sociale et solidaire, • Exercer une laïcité apaisée permettant à chacun de vivre ses croyances,

• Développer l’éducation tout au long de la vie, en France, en Europe et dans le monde, plutôt que de produire des armes,

• Redistribuer les richesses (équité), parachever l’intégration de toutes les populations exclues, par l’éducation, la culture et la mobilisation autour de projets porteurs,

• Développer la recherche et l’enseignement de toutes les sciences y compris humaines… pour favoriser l’émergence de « la révélation de l’âme ».
Jusqu’alors la France (surtout à travers sa capitale, Paris) agit en véritable « gardien du seuil », tant elle s’oppose à toute ouverture spirituelle par son mental rationnel. Nul doute que des esprits du cinquième Rayon sont à l’œuvre et que, le temps venu, apparaîtra l’ange de la Présence !

Alice A. Bailey, « La Destinée des Nations », Association Lucis Trust, Genève, première version en 1945.

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Fanchon Pradalier-Roy

Le 01/07/2017.

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