Un solstice de renaissance ?
Le solstice d’été a eu lieu cette année le 20 juin à 21H45 TU. A peine 9 heures plus tard, toujours dans le premier degré du Cancer, une nouvelle Lune d’éclipse est intervenue. Il est intéressant de réfléchir à sa signification symbolique et à ses possibles impacts dans la suite de cette drôle d’année 2020 !
Signification astronomique et symbolique des solstices
Selon la Tradition, le solstice d’été, lorsque le Soleil entre dans le Cancer, représente « la porte des hommes », car c’est le signe de la naissance au sein de la famille humaine, tandis que le solstice d’hiver, lorsque le Soleil franchit le 0° degré Capricorne, représente « la porte des dieux » car c’est le passage symbolique à la vie divine et donc à la Vie tout court. Et c’est le moment où, dans l’hémisphère Nord, le Soleil est au plus bas sur l’horizon et semble statique avant d’entreprendre sa remontée pour les 6 mois à venir. Alors qu’au solstice d’été il se couche au plus haut sur l’horizon Nord-Ouest.
Nous savons par les alignements de pierre puis par les traces écrites, que les solstices sont célébrés dans toutes les cultures. On connait les célèbres monuments mégalithiques de Stonehenge qui donnent les positions des lever de Soleil aux solstices et qui étaient sans doute des hauts lieux de célébration. En Egypte le solstice d’été marquait le début de la nouvelle année, et le début des hautes eaux du Nil. Dans le prolongement des cultes d’Apollon et de Mithra, les Romains vénéraient Sol Invictus (le Soleil Invaincu) et fêtaient « le jour de naissance du Soleil » (dies natalis solis invicti) au solstice d’hiver. Cette fête intervenait le 25 décembre du calendrier Julien.
Le christianisme a repris à sa manière ces deux moments annuels de célébration solaire : la naissance de Jésus se fête le 25 décembre, comme pour marquer le retour de la lumière invaincue sur la terre (la date n’a hélas pas été modifiée lors du passage au calendrier Grégorien pour coïncider avec le solstice), et le 24 juin, qui correspondait dans l’ancien calendrier Julien au solstice d’été, honore Saint-Jean Baptiste, à travers les feux de la Saint-Jean, hérités d’anciens rites païens.
« Il doit croître et moi diminuer »
Ainsi s’exprimait Jean-Baptiste en parlant de Jésus (Evangile de Jean, Iohanân 3.16, traduction d’André Chouraqui). Oui, à partir de la Saint-Jean, les jours diminuent jusqu’au solstice d’hiver, date de naissance symbolique de Jésus. Les jours décroissent mais la lumière de l’esprit veille et grandit dans l’obscurité, elle est invaincue, tel est le message ! C’est le message symbolique des deux solstices. Mais auparavant, Jésus a livré à Nicodème la clé de ce message !
La naissance d’en-bas et la naissance d’en-haut
« Amén, amén, je te dis, nul, s’il ne naît d’en haut, ne peut voir le royaume d’Elohîms. »
4 Naqdimôn lui dit : « Comment un homme peut-il naître s’il est vieux ? Peut-il une deuxième fois entrer dans le ventre de sa mère et naître ? »
5 Iéshoua’ répond : « Amén, amén, je te dis, nul, s’il ne naît d’eau et de souffle, ne peut entrer au royaume d’Elohîms.
6 Ce qui naît de la chair est chair ; ce qui naît du souffle est souffle.
7 Ne t’étonne pas que je te dise : vous devez naître d’en haut.
8 Il souffle où il veut, le souffle, et tu entends sa voix. Mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va ; ainsi de tout natif du souffle. »
Evangile de Jean, Iohanân 3.16, traduction d’André Chouraqui.
Cela nous parle d’une double naissance, une naissance de la chair, de la Terre, et une deuxième naissance par le souffle. En astrologie nous considérons une double généalogie : terrestre, à travers la lignée biologique, et céleste ou spirituelle à travers la lignée de l’âme individuelle qui se réincarne de vie en vie pour grandir. Cette naissance venant du souffle nous parle de façon très précise d’Uranus, le Ciel, le Père céleste qui est l’époux de Gaïa, la Terre-Mère. Et le petit humain prend le souffle dès sa venue au monde pour naître à la Vie!
La renaissance
Dans une autre traduction de l’Evangile, plus ancienne, Jésus formule autrement sa réponse à Nicodème :
« En vérité, en vérité, je vous dis que nul ne peut voir le royaume de Dieu s’il ne nait une seconde fois ».
Cela évoque une seconde naissance, une renaissance, lorsque l’être humain est enfin apte à recevoir en lui et à émaner la lumière d’en haut, le souffle ! C’est possiblement l’évocation de l’accès dans ce qu’Alice Bailey nomme le Cinquième Règne ! La première naissance, terrestre, au niveau de la personne et de la chair serait la venue dans le Quatrième règne, le règne humain, et la deuxième naissance pourrait représenter l’avènement du règne de l’âme, le Cinquième, lorsque les humains acquièrent une conscience d’âme et quittent les seules perspectives matérialistes et hérités du passé et de la seule raison, pour incarner ce que sont réellement les valeurs du Verseau, la vie et l’amour, ces deux rivières qui sortent du vase du Verseur d’Eau.
« Pouvez-vous imaginer ce que sera l’humanité à la fin de l’ère du Verseau dans deux mille cinq cents ans approximativement ? […] La nature animale, la nature émotionnelle et le mental seront passés à l’arrière-plan, et l’âme, aspect conscience, cette impulsion universelle en chacun de nous, qui nous met en rapport avec Dieu, aura émergé en première ligne. Nous habiterons peut-être des corps, mais notre conscience sera focalisée dans le cinquième règne, le règne spirituel. Telle est la prophétie, ce qui attend l’humanité dans deux mille cinq cents ans ».[1]
[1] Alice Bailey, les Travaux d’Hercule, le Onzième travail, page 166, Lucis Trust.
Nous n’y sommes certes pas encore mais une partie de l’humanité a désormais acquis une conscience d’âme, cette naissance d’en haut qu’évoquait Jésus, et il lui incombe la responsabilité de servir et d’être utile dans ce passage étroit entre deux ères.
Un solstice d’éclipse
J’ai eu l’occasion d’expliquer dans d’autres articles la signification des éclipses et leur cycle, notamment le cycle de Saros. Voir D’une éclipse à l’autre, comment le ciel se rappelle à nous.
Cette année 2020, tellement singulière en bien des points astrologiques, l’est également du fait que le solstice d’été intervient peu avant une Nouvelle Lune d’éclipse. C’est-à-dire que la Nouvelle Lune tombe au premier degré du Cancer, ce qui est déjà tout à fait remarquable et que, de plus, elle éclipse le Soleil. Nous avons connu fin 2014, une Nouvelle Lune au solstice d’hiver, ce qui était déjà exceptionnel et signait une année 2015 problématique et très remarquable, ce que nous avons pu constater après-coup, et pourtant il n’y avait pas d’éclipse ! Voir l’article : 2015 – Le tournant tant attendu ?
Cette fois le solstice d’été intervient le 20 juin à 21H45 TU et la Nouvelle Lune d’éclipse, à peine 9H après à 6H40 TU le 21 juin. C’est une éclipse annulaire qui ne cache pas tout le disque solaire mais laisse voir une magnifique couronne de feu solaire, à la satisfaction des astronomes qui peuvent alors l’observer plus précisément.
Symboliquement une éclipse solaire est problématique car elle occulte momentanément mais de façon décisive la conscience (sur symbolise le Soleil) qui doit se ressaisir et faire appel à sa lumière intérieure la plus profonde pour ne pas se laisser durablement obscurcir. De tous temps les éclipses solaires ont été craintes des humains car annonciatrices de diverses catastrophes atteignant la zone touchée par l’éclipse. Rappelons-nous de la tempête de fin 1999 qui a suivi en France toute la trajectoire décrite par l’éclipse d’août 1999.
La zone touchée par l’éclipse est la suivante (Voir le trajet de l’éclipse selon l’AFP) :
Elle part du haut Congo, touche le Soudan du Sud, le Yémen, l’Arabie saoudite, l’inde, le Tibet, la Chine pour toucher Taïwan, le sud de l’ile de Guam et se terminer avec le coucher du Soleil dans le Pacifique Nord.
Nous constatons qu’il s’agit de zones déjà très affectées par les guerres et la pauvreté (Congo, Soudan, Yémen), puis touchées de façon problématique par le coronavirus (Inde et Chine), ces deux pays venant de connaître par ailleurs des troubles frontaliers dans l’Himalaya également touché. Il est à craindre pour le Tibet déjà rudement éprouvé par l’occupation chinoise, et peut être même pour la santé du Dalaï Lama dont la disparition ouvrirait une grave querelle de succession que la Chine tenterait de régenter, même si ce dernier a pris soin de distinguer sa succession temporelle (confiée au gouvernement tibétain en exil) et sa succession spirituelle.
Un solstice de renaissance ?
Nous entamons avec ce solstice la deuxième partie de l’année, la partie décroissante, du solstice d’été au solstice d’hiver, dans laquelle il est question de réflexion et d’introspection après avoir été dans l’action et l’élan extérieur lors de la première partie croissante de l’année. Mais cette année 2020 commencée dans la tourmente de la pandémie mondiale de Covid-19 nous a déjà contraints à l’inaction et à la réflexion à travers le confinement Nous avons vu dans l’article précédent, les configurations astrologiques de cette année 2020, que des rétrogradations multiples marquent cette année 2020, Vénus en mai et juin et Mars de septembre à novembre.
Tout nous indique qu’il s’agit encore et encore de réfléchir avant d’agir et peut-être enfin, avant de relancer la machine que la Covid-19 a contraint d’arrêter, de revoir entièrement le paradigme de la croissance qui s’est développé mondialement depuis près de 40 ans (un cycle de Pluton/Saturne) et que l’Occident a imposé graduellement à partir du XIXe siècle et la révolution industrielle (un cycle d’Uranus/Neptune qui s’est renouvelé en 1993), à travers toutes ses colonies qui ont été spoliées de leurs richesses matérielles et qui se vident maintenant, par une émigration massive due à la pauvreté, de leurs forces humaines vives.
Tout un système de prédation des ressources et d’inégalités systémiques, si ce n’est de sujétion humaine se donne à voir clairement (cf. les mouvements de revendication des femmes et des afro-américains, ou celui de l’écoféministe Indienne Vandana Shiva ou encore celui des peuples premiers d’Amazonie ou d’Australie ! Etc. ) et nécessite des réformes globales d’urgence, qui, sans nul doute, rejoindront les impératifs climatiques et écologiques.
Cette nouvelle Lune d’éclipse au degré du solstice nous invite à refonder notre système de pensée selon des valeurs plus humaines et plus justes, pour qu’au sein de la famille humaine (Le Cancer) on songe enfin à réduire les inégalités honteuses et à répartir plus justement les ressources, dans un esprit de solidarité et de partage, dans un esprit de fraternité et somme toutes d’amour !
C’est de cette naissance par le haut, de cette renaissance, dont il s’agit ! Elle pourra mettre des décennies à s’accomplir, car la conscience du plus grand nombre reste encore voilée (masquée ? La fonction de l’éclipse), mais elle est en route et elle est l’œuvre de tous ceux qui sont en chemin !
Un premier rendez-vous, pour faire le point, pourra être fait au solstice d’hiver, le 21/12/2020 qui voit, comme par hasard, le début d’un nouveau cycle de 20 ans de Saturne/Jupiter dans le Verseau, qui augure un grand cycle de 200 ans de conjonctions de ces deux planètes dans des signes d’Air. L’horizon s’ouvrira-t-il enfin ?
Le 21/06/2020
14 réflexions sur “Un solstice de renaissance ?”
Merci Fanchon,
pour ton interprétation toujours très intéressante des messages dans le Ciel.
Je t’embrasse.
Philippe DESBROSSES.
phil.desbrosses@gmail.com
« et le 24 juin, qui correspondait dans l’ancien calendrier Julien au solstice d’été, honore Saint-Jean Baptiste, à travers les feux de la Saint-Jean, hérités d’anciens rites païens. »
Explication de ces fameux feux :
C’est au milieu de la préoccupation générale au commencement du premier siècle de notre ère qu’une femme s’éleva qui vint prêcher le retour à l’ancienne doctrine israélite et la restitution de la science antique.
Cette femme s’appelait Johana ; ses disciples s’intitulent eux-mêmes Mandaïe de lohana.
Les Mandaïtes sont ceux qui croient au Manda de hayyé (esprit de vie), littéralement connaissance de la vie.
On dit aussi « Chrétiens de saint Jean », depuis qu’on a masculinisé le nom de cette femme.
La doctrine de Johana a pris le nom de Sabéisme, comme celle des anciens Iraniens et comme celle des Ethiopiens dont cette secte va restaurer la morale.
Donc les premiers Christiens (et non Chrétiens) sont des Sabéens (mot dérivé de sabba, baptistes).
Le nom de baptiste vient de ce que les hommes avaient l’habitude de se purifier tous les huit jours pour se présenter purs à la Déesse.
Dans la confusion des explications modernes, on nous dira que Johana représente le Feu sacré.
Sa fête, célébrée le 24 juin, le jour le plus long de l’année, est destinée à perpétuer la gloire de sa lumière spirituelle. C’est pour cela que, depuis deux mille ans, on allume les feux de la Saint-Jean.
C’est la grande fête du peuple, le grand jour, ou jour du Soleil.
Le Solstice d’été (Saint-Jean) a dû servir de fête, célébrant la Divinité, longtemps avant saint Jean. On a dû substituer son nom à d’autres noms plus anciens
Burnouf fait remonter les deux fêtes du Solstice, Noël et Saint-Jean, à 7.000 ans. Pour lui, saint Hélie a succédé à Hélios, le Soleil, saint Démétrius à Déméter ou Cérès, la sainte Vierge à la Vierge Minerve, qui fut l’aurore, etc.
Cordialement.
Merci de votre apport très enrichissant ! Il est vrai qu’avant les divinités masculines de l’ère du Bélier nous avions des divinité féminines de l’ère du Taureau et que les cultes se célèbrent toujours dans une véritable descendance, à ceci près que le dernier culte efface la divinité précédente en l’intégrant, en prenant sa place. Ce continuum est fascinant !
Et sous une réception mutuelle du Soleil et de la Lune , le message devrait résonner encore plus fort …
Merci Fanchon pour cet article !
Merci de votre commentaire, mais je croyais qu’il y avait réception mutuelle du Soleil et de la Lune lorsque le Soleil est en Cancer (domicile de la Lune) et la Lune en Lion (domicile du Soleil). Dans ce cas de nouvelle Lune au moment du solstice, les deux sont en Cancer. La Lune est dans son domicile en revanche et à moins que vous ne considériez que le Soleil en position de Solstice étant à son apogée annuel est dans son plus grand rayonnement léonin. C’est cela que vous voulez dire ? Je suis curieuse de votre réponse !
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Permettez une autre précision relative à « La naissance d’en-bas et la naissance d’en-haut » que j’emprunte en partie à Paul Noyrigat :
On attribue à Paul Diacre la composition de l’hymne chrétienne Ave Maris Stella et de l’hymne de saint Jean-Baptiste : Ut queant laxis resonare fibris.
C’est à partir de la première syllabe de chacun des six premiers hémistiches de cette œuvre qu’au XIème siècle Guido d’Arezzo nommera les notes de Ut à La pour son système de solmisation.
La note SI, qui est composée des deux initiales du dernier vers de l’hymne, Sancte Iohannes, ne sera ajoutée qu’à la fin du XVIe siècle.
« Paul Diacre avait conçu la gamme musicale avec pour point de départ non pas la syllabe DO (Dominus pour Jésus), mais UT, point de départ de l’homme tel qu’il est né de la femme dans toute son imperfection. Il choisit ainsi la syllabe UT, du mot Uterus, organe de la gestation, précisément pour souligner la condition imparfaite, commune à tous les fidèles comme à tous les hommes, afin de les orienter sur les traces de saint Jean, au sujet duquel Jésus a dit : « en vérité je vous le dis, parmi ceux qui sont né de femmes, il n’en est point paru de plus grand que Jean-Baptiste ». Ainsi, UT — Uterus — symbolise la porte de la naissance selon la chair, et SI la porte de la deuxième Naissance, celle selon l’Esprit, sans laquelle l’homme ne peut pas voir le royaume de Dieu. La gamme ascendante de Paul Diacre comprend donc une octave de régénération, allant de la naissance sur la terre à la naissance dans les cieux. »
Cordialement.
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