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L’Esprit de Résistance entre au Panthéon

A quand l’Esprit de Fraternité ?
Je poursuis, dans cette rubrique, le propos de mon ouvrage « La Destinée de la France », en analysant les récents évènements dans une perspective à la fois historique mais aussi symbolique et signifiante répondant aux questions : quel dessein révèlent pour la France les évènements récents ? Quels personnages lumineux se dégagent pour éclairer la Nation et le monde ? Quels évènements mettent au défi la destinée de notre pays ? Cette fin de printemps 2015 est riche en enseignements : à travers l’entrée solennelle au Panthéon de figures de la Résistance, l’afflux des migrants depuis la Méditerranée, la célébration du bicentenaire de Waterloo, l’interminable crise entre l’administration européenne et la Grèce.

La France et l’Esprit de Résistance

Dans cette même rubrique, j’ai écrit un article ainsi intitulé (La France et l’Esprit de Résistance, à lire en entier ici) juste après l’annonce du président Hollande, le 21 février 2014 dans une cérémonie au Mont Valérien, de sa volonté de panthéoniser ces 4 résistants, alors qu’il célébrait le 70ème anniversaire de l’exécution du groupe Manoukian. Je m’indignai quelque peu alors de l’absence de Missak Manoukian justement ou de quelqu’un de son groupe, dans cette entrée au Panthéon. Cette annonce, dans ce lieu là, à ce moment là, sonnait comme un lapsus, comme un déni, comme un trou noir béant infligé à la mémoire de la Nation. On honorait ces étrangers qui avaient contribué à sauver la patrie (« sauver l’âme de la France » comme je le mentionne dans « La Destinée de la France »), mais en même temps on en appelait d’autres, de « vrais » Français ceux-là, à entrer dans le Panthéon de la République.
Dans l’année où on fête le centenaire du génocide arménien, l’entrée de Manoukian avec les autres résistants, aurait été un puissant symbole de l’âme universaliste de la France et aurait permis de transcender les vieux démons nationalistes. Mais sans doute la puissance du symbole eut dépassé les forces de cette présidence qui incarne une France un peu trop normale.

Un sérieux coup de jeune sur la Nation et ses perspectives

Le jour est venu, ce 27 mai 2015, où ces 4 êtres entrent officiellement dans la mémoire collective, et il n’est plus temps de bouder le symbole qui est fort. Autant la cérémonie d’entrée au Panthéon du premier résistant, Jean Moulin (voir ici), était funèbre et glaciale, avec son sombre cortège officiel composé presque exclusivement d’hommes en tenues grisâtres d’hiver, le 19 décembre 1964, et un discours de Malraux aussi grandiose que théâtral (on aurait pu croire alors que le pouvoir de Résistance était exclusivement mâle), autant la cérémonie d’entrée de ces 4 Résistants est simple, colorée, mixte et mélangée, presque gaie avec des garçons et des filles en tee-shirt tricolores qui incarnent un futur de la nation plus lumineux et pour le moins à parité. Graves et souriants, ils semblent déjà conscients d’être les maillons d’une destinée commune !
Il a été relevé que ces 4 êtres remarquables réunissaient les 4 valeurs fondamentales de la République : la Liberté (Pierre Brossolette prit la liberté de se donner la mort plutôt que de se soumettre à ses bourreaux), l’Egalité (Germaine Tillion, ethnologue, mettait toutes cultures sur le même plan d’égalité), la Fraternité (Geneviève de Gaulle-Anthonioz a inlassablement lutté contre la pauvreté qu’elle mettait au rang d’une exclusion indigne à l’image des camps de concentration), et la Laïcité (Jean Zay jeune ministre de l’Education du Front Populaire et grand penseur d’une véritable culture laïque universaliste). Comme l’a souligné le président dans son discours « Ils sont quatre, deux hommes, deux femmes. Quatre destins, quatre chemins, quatre histoires qui donnent chair et visage à la République en en rappelant les valeurs ». Le symbole est fort, même si, en France, il est de bon ton pour une certaine intelligentzia de le bouder.
On peut se demander quelles sont les valeurs qui seront honorées pour de futures entrées au Panthéon ? J’ai montré dans mon ouvrage que si la France pouvait s’honorer d’avoir formulé l’essentiel des valeurs de la civilisation de l’ère du Verseau, à travers les Droits de l’Homme et sa devise universaliste, il lui restait à les incarner entièrement en toutes choses. Dans son discours le président Hollande, reconnaissait que Germaine Tillion serait aujourd’hui de tous les combats d’aide aux réfugiés et il ajoute : « Elle s’inquiéterait du sort des migrants en Méditerranée. Pour elle, la compassion n’est pas la charité. Elle n’est pas une élégance de l’âme, elle est une force de l’esprit, elle est l’honneur d’une nation. En République, la compassion s’appelle Fraternité. C’est au nom de la Fraternité que Geneviève de Gaulle Anthonioz voulait inscrire dans le marbre la loi sur le droit à la dignité ». On mesure l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir en France et en Europe !

L’étrange histoire du Panthéon, entre Eglise, Monarchie et Révolution

Etrange histoire que celle de cette église décidée par Louis XV en 1744, terminée par Louis XVI en 1784 (grâce à un emprunt), dédiée à sainte Geneviève, la patronne de Paris, et dont la construction fut confiée à Soufflot. Elle réunit le passé royaliste de la France à celui de Paris et de la République. Le bâtiment fut achevé en 1790, une croix provisoire est placée en haut du dôme en attendant une statue de sainte Geneviève (la croix y est encore à ce jour). Mais on y fixe en 1791, lorsque l’Assemblée révolutionnaire décrète que l’édifice sera le panthéon national, une statue d’une femme embouchant une trompette : la Renommée, et l’on pause au fronton une inscription : « Aux grands Hommes, la Patrie reconnaissance ».
La première personnalité inhumée est Mirabeau, le 2 avril 1791, puis le 11 juillet, on transfère les cendres de Voltaire, et le 17 octobre on décrète le retour du cercueil de Descartes. Puis des patriotes martyrs comme Lepeletier et Marat, et Jean-Jacques Rousseau en 1794. Sous l’Empire, de nombreuses entrées interviennent avec des personnalités de la Révolution et de l’Empire que Napoléon souhaite faire distinguer, comme le comte de Pontalis, à l’origine de l’édit de Tolérance de 1787 sous Louis XVI, puis ministre des cultes de Napoléon, ayant négocié le Concordat de 1801 ; ou encore Jean-Baptiste Treilhard, avocat et député de la Convention à l’origine du Code Civil et du Code Pénal ; Cabanis, médecin ; Lagrange, mathématicien, etc.
Le Panthéon redeviendra une éphémère église toujours dédiée à sainte Geneviève, lors de la Restauration, puis très vite, à la révolution de 1830 il devient « le temple de la gloire ». Lors de la révolution de 1848, il est un des centres de l’insurrection, et se nomme « temple de l’humanité ». Mais en 1851 il redevient l’église sainte Geneviève, alors qu’on y réalise la célèbre expérience du pendule de Foucault. Ce n’est qu’en 1885, sous la jeune IIIe République, qu’il reprend sa fonction de panthéon national, inauguré tout aussitôt par la célébration grandiose, populaire et très républicaine des obsèques de Victor Hugo, le 1er juin 1885, ayant mobilisé plus de 2 millions de Parisiens. Pour son retour à la fonction, le Panthéon avait trouvé un grand homme français à sa mesure et à la mesure de la France: immense homme de lettres, républicain, et croyant en Dieu tout en refusant les sacrements de l’Eglise.

Le texte ci-dessus est extrait de La Destinée de la France, chapitre « 93 » La République jacobine, page 269, de la version papier, éditions Amalthée et page 248 de la version numérique, éditions Ariane.

Les femmes sont aussi des héroïnes de la Nation

Jusqu’alors deux femmes seulement avaient été admises au Panthéon, mais avec leur époux : Sophie Berthelot, décédée quelques heures avant son mari qui n’a pu lui survivre, y est admise avec lui en 1907, « en hommage à sa vertu conjugale » ; et Marie Curie y entre en 1995, par la volonté du président François Mitterrand, certes pour son propre mérite, mais aussi en compagnie de son époux, Pierre.
Cette fois, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, n’ont pas été précédées d’un époux, mais elles n’ont pas été admises seules, car accompagnées de deux hommes, également résistants : le symbole recherché était manifestement celui de la parité. La parité fut respectée pour la cérémonie, mais à quand autant de femmes que d’hommes au Panthéon de la Nation ?

Bleu, blanc, rouge ou comment se construit l’unité de la Nation

Les débuts chaotiques du Panthéon français entre la Révolution, l’Empire, les trois République et les retours épisodiques à la royauté et à la réaction antirépublicaine, illustrent combien la République a mis du temps à s’installer en France, de même que la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Dans la mise en scène de mai 2015 pour l’entrée au Panthéon des 4 Résistants, la symbolique choisie intègre à travers les trois couleurs de la République, le Bleu (symbolisant l’Amour et la Sagesse), le Blanc (symbolisant l’Unité dans la diversité) et le Rouge (symbolisant la Volonté et la Force), l’unité de la Nation qui s’est faite graduellement et son passage de la Monarchie (le blanc, mais aussi le bleu) à la République (le rouge, révolutionnaire et républicain). Notons que les couleurs de Paris sont le bleu et le rouge, et la cocarde tricolore apparait à Paris peu après 1789, en intégrant le blanc de la monarchie aux deux couleurs de Paris.
Pour la cérémonie, l’intérieur du Panthéon a été éclairé en bleu, blanc, rouge : à gauche le bleu colore le monument consacré à la Restauration, à droite le monument dédié aux généraux de la Révolution (qui l’ont défendue les armes à la main, face à toutes les monarchies européennes liguées contre la France) reçoit la lumière rouge. Au centre le blanc de la nef, avec un ensemble majestueux, intégrant des peintures du Christ en haut, des épopées de la Nation au centre et, en avant-plan, d’épiques scènes sculptées représentant la Convention Nationale (le nouveau contrat social passé avec la Nation à la Révolution), le tout résumant, comme nous le verrons ci-après, les étapes de l’unité nationale jusqu’à nos jours.

Note : voir le développement sur la symbolique du drapeau français dans La Destinée de la France, version papier page 331 (De la cocarde au drapeau tricolore), et version numérique, page 308.

La Convention Nationale sous l’influx du Christ et de l’Ange de la France

Observons cette image ! En plan large puis en plans serrés. Elle illustre parfaitement la thèse de mon ouvrage, à savoir que la France, à travers sa Grande Révolution, les travaux de la Convention Nationale qui gouverna la France du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795, a fondé une République dans la continuité des valeurs fondamentales du christianisme qu’elle a sécularisées. Quelle meilleure traduction trouver à la maxime « tu aimeras ton prochain comme toi-même » que Fraternité et Egalité ? Et à la formule : « La Vérité vous rendra libres » (Jean, VIII, 38), que la Liberté enfin conquise et guidant le Peuple ?
La fresque en mosaïque de l’abside est une commande publique en date de 1875 à Antoine-Auguste-Ernest Hébert (1817-1908) et s’intitule : « Le Christ montrant à l’Ange de la France les destinées de son peuple » et la légende retenue est la suivante : « Le Christ, au milieu de la composition, tient de la main gauche le livre des destinées ; de la main droite, il commande aux évènements qui se déroulent devant lui, représentés par les peintures qui résument l’histoire mystique de notre pays. L’Ange de la France est placé près de sainte Geneviève et, à droite du Christ, Jeanne d’Arc avec son armure ». C’est donc une commande de la IIIe République, fraichement instituée par l’amendement Wallon, mais au moment où le Panthéon était redevenu une Eglise, avant d’être à nouveau laïcisé en 1881.
Le Christ, et donc l’énergie boudhique/christique d’amour–sagesse, préside aux destinées de la France. Le Christ tient dans sa main droite le livre des destinées (l’astrologie n’est-elle pas la science de la destinée ?). L’Ange de la France représente l’âme de la France, l’inconscient/conscient collectif en œuvre en chaque Français. Sainte Geneviève représente l’importance de Paris dans la destinée du pays, la protection à l’égard de tout envahisseur et le rôle majeur des femmes et du féminin, comme elle l’a invoqué dans sa célèbre formule pour exhorter les Parisiens à ne pas fuir devant les hordes d’Attila menaçant Paris en 451 : « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications ». (Les Parisiens restèrent et les Huns épargneront Paris). Deux autres figures féminines complètent la mosaïque, Jeanne d’Arc à genoux, veillée par la Vierge Marie, qui n’est pas nommée dans la légende. Jeanne est la seule à ne pas être auréolée : à l’époque de la réalisation de l’œuvre elle n’avait pas encore été canonisée (elle ne le sera qu’en 1920).

Ceux de Valmy et d’Austerlitz

Dessous, le triptyque d’Édouard Detaille, réalisé en 1902, exalte « La Chevauchée de la gloire » de la Révolution et de l’Empire : ceux de Jemmapes et de Valmy, les grenadiers à cheval de Marengo, les chasseurs et mamelouks d’Austerlitz, les cuirassiers de Montmirail,… Il célèbre la Gloire de cette armée de conscription qui, à la Révolution, a sauvé la France encerclée par toutes les puissances européennes et qui, avec Napoléon, a propagé les idées de la Révolution en Europe.
A l’heure où toute l’Europe, excepté la France, célèbre le bicentenaire de Waterloo, qui a vu le triomphe de toutes les monarchies européennes liguées contre l’Empire de retour pour Cent Jours, il n’est pas inutile de relire l’analyse de l’historien britannique Eric J. Hobsbawm dans son « Ere des Révolutions, 1789-1845 » qui dégage le rôle de la France et notamment de ses soldats dans la diffusion de doctrines à valeur universelle en Europe* :

« Les soldats français qui ont fait campagne depuis l’Andalousie jusqu’à Moscou, depuis la Baltique jusqu’à la Syrie – sur une étendue plus vaste qu’aucune troupe de conquérants depuis les Mongols, plus vaste à coup sûr qu’aucune force militaire avant eux en Europe, sauf les Normands – ont étendu l’universalité de leur révolution intérieure plus efficacement que ne l’aurait fait n’importe quel autre agent. Et les doctrines et les institutions qu’ils ont transportées avec eux, même du temps de Napoléon, depuis l’Espagne jusqu’à l’Illyrie, procédaient de doctrines universelles, comme les gouvernements l’apprirent et comme les peuples eurent tôt fait de l’apprendre aussi. »

Voir dans La Destinée de la France, le chapitre « Les Guerres impériales et les bouleversements en Europe », page 375 du livre papier et page 349 du livre numérique.

La Convention Nationale en autel républicain

Pour compléter l’ensemble, un monument à la gloire de la Convention Nationale est réalisé en 1920 par François-Léon Sicard, à la place de l’ancien autel religieux. L’élan épique, la formidable dynamique de ceux qui ont fait l’histoire de la Grande Révolution, la gravité solennelle de la République ressortent de cet ensemble devenu un véritable autel républicain qui consacre définitivement le Panthéon en temple laïque. On remarquera que la République porte une épée, à l’image de l’Ange de la France dans la mosaïque de l’abside.

S’indigner contre les rois du moment ?

L’historien Eric J. Hobsbawm poursuit avec une anecdote, qui n’en est pas une tant elle fait écho avec l’actualité de cette fin de printemps 2015 qui met la crise entre la Grèce et l’Europe au-devant de la scène :
Un Grec, à la fois brigand et patriote, a parfaitement exprimé ces sentiments : ‘’Selon moi, dit Kolokotrones, la Révolution française et les exploits de Napoléon ont ouverts les yeux au monde. Les nations ne savaient rien jusque-là et les peuples pensaient que les rois étaient des dieux sur terre et que, quoi qu’ils fissent, il fallait dire que tout était bien fait. Avec ces changements d’aujourd’hui il est plus difficile de gouverner les peuples . ‘’
Aujourd’hui ce ne sont plus les rois qui sont des dieux sur terre, mais des fonctionnaires européens ou des banquiers chargés de véhiculer l’orthodoxie de la pensée libérale dominante. Le politique est étrangement absent derrière la figure tutélaire d’une chancelière qui rappelle indéfiniment ce qu’il faut penser, telle Margaret Thatcher en son temps : comme s’il n’y a pas d’autres alternatives (selon sa célèbre formule dite T.I.N.A. pour « there is no alternative »), malgré l’expression démocratique des peuples grecs et espagnols, réveillés par la créativité de leurs Indignés. Ces Indignés sont fils et filles, petits-fils et petites-filles du Résistant Stéphane Hessel que l’on a pris en France au mieux pour un trublion : il a pourtant su résumer en quelques lignes dans son opuscule, « Indignez-vous ! » qui a fait le tour du monde, les grands acquis de l’humanité d’après-guerre que l’on tente maintenant de rogner sur l’autel du remboursement de la dette : la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, et la protection sociale, c’est-à-dire la protection des plus démunis, inscrite dans le programme du Conseil National de la Résistance.

La France mise au défi de la fraternité et de la solidarité

Des femmes, des enfants, des hommes s’échouent sur nos côtes et dans nos villes et on les fait évacuer par la police tels des délinquants, espérant naïvement qu’en disparaissant de nos vues, ils disparaitront de nos vies. Ils sont en état d’urgence, on attente à leur dignité et à notre devoir de fraternité et de solidarité, alors qu’ils n’ont aucun lieu où se réfugier. Nous aborderons plus tard cette question, comme nous considérons aujourd’hui la manière indigne avec laquelle nous avons traité les réfugiés républicains espagnols ou les juifs d’Europe fuyant le nazisme. Et nous démantelons même les camps de crainte de faire appel d’air, comme nous le faisons avec les Roms, chassés avec leur maigre barda. La République est en danger quand elle ne défend plus ses valeurs. Comme le remarquait un chroniqueur, le chef d’Etat le plus humaniste de la planète est désormais le pape qui prône l’aide aux réfugiés des guerres ou des climats ! Notre prochain est un réfugié, nous sommes des réfugiés… Charlie est un réfugié !
Un ancien président, lui-même bénéficiaire en son temps du droit du sol et qui, par esprit de compétition avec le Front national, le remet en question désormais, compare le flux de réfugiés à une fuite d’eau qui inonde peu à peu la maison Europe (encore heureux, pourrait-on dire, qu’il n’ait pas prôné de les évacuer au karcher !).Ce n’est pas tant ce flux de réfugiés qui met notre civilisation en péril que le flot incessant de mauvaises paroles qui bafouent nos valeurs fondamentales. Les médias inondent nos maisons de pensées malsaines, en se faisant l’écho de tous les « bons» mots qu’un personnel politique déclinant débite pour nourrir d’interminables controverses formelles. La directrice du FMI, Christine Lagarde, en porte-parole de la bienséance économique mondiale, demande aux Grecs de venir à la table de négociation en « adultes », traduisons d’accepter de priver encore plus leurs vieux et leurs enfants pour mieux rembourser une dette devenue insoutenable, consentie en son temps hors de toute raison. On a mieux traité l’Allemagne d’après-guerre en effaçant sa dette et pourtant les dommages causés à l’Europe (dont la Grèce) étaient autrement considérables.

Pour intégrer l’esprit de résistance et de fraternité en Europe puis dans le monde, il est à craindre que le XXIe siècle soit aussi long et lourd que l’a été le XIXe pour intégrer les nouvelles valeurs issues de la Révolutions française. Il a fallu un siècle pour construire la République pensée à la Révolution, un siècle pour que s’effondrent les empires et monarchies européennes ! C’est cela que nous rappelle la célébration de Waterloo, où des nations européennes se montrent aussi enkystées dans leur dogme économique que les monarchies l’étaient alors dans leurs privilèges. Les défis sont énormes, face aux replis autour d’identités nationales de plus en plus illusoires (comme si les nuages de Tchernobyl et de la pollution pouvaient s’arrêter aux frontières !).

Nous sommes GRECS, nous sommes CHARLIE et CHARLIE est un réfugié !

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Fanchon Pradalier-Roy
Fanchon Pradalier-Roy

Le 21/06/2015.

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